Gaspillage alimentaire : un enjeu pédagogique de sensibilisation des élèves

« Gaspillage alimentaire », une notion qui parle à tous, mais encore loin d’être assez considérée. Pour Lucie Basch, fondatrice de Too Good To Go, une application dont l’objectif est de lutter contre les déchets alimentaires en mettant en relation commerçants et usagers pour éviter le gaspillage alimentaire, la mise en place du programme Mon École Anti Gaspi dans les écoles est une autre étape vers le changement. Elle nous éclaire sur les enjeux du gaspillage alimentaire à l’école.  

Depuis 2013, le Ministère de l’Agriculture a apporté une définition du gaspillage alimentaire avec Le Pacte de lutte contre le gaspillage alimentaire. Il est alors défini comme « Toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée ». En France, il est estimé à 29 kg par an et par personne. C’est dans ces conditions que l’État s’est engagé à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2025. L'ambition de Too Good To Go ? S’inscrire dans cette démarche en jouant un rôle concret auprès du plus grand nombre. Et c’est pari réussi : l’application compte aujourd’hui plus de 12 millions d’utilisateurs ! Pour changer les habitudes du quotidien en faveur de l’environnement, la startup se tourne aujourd’hui vers les établissements scolaires. Elle soumet un kit clé en main destiné aux enseignants, avec un programme complet pour aborder le gaspillage alimentaire à l’école, intitulé Mon École Anti Gaspi. « Le gaspillage alimentaire est réparti sur toute la chaîne, avec notamment 30 % chez le consommateur. Chacun peut jouer un rôle, il faut donc sensibiliser dès le plus jeune âge à ces enjeux », explique Lucie Basch.  

Gaspillage alimentaire à l’école : quel constat ?  

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), qui a conduit plusieurs études pour comprendre la question du gaspillage alimentaire, fait état du coût du gaspillage et du nombre de repas dans les établissements scolaires : pour un restaurant d'école primaire de 200 élèves, le gaspillage représenterait en moyenne, sur une année, l'équivalent de 13 800 repas gaspillés, soit un coût moyen de 20 000 €/an ; il serait de 22 000 repas pour un restaurant au sein d’un collège de 500 convives, soit un coût moyen de 33 000 €/an.  

Pour la fondatrice de Too Good To Go, alors que les consommateurs sont encore trop déconnectés de leur alimentation, la sensibilisation est la clé. Et la demande de la part du corps enseignant semble aller en ce sens : « Nous avons une vraie demande de la part des enseignants, ils n’ont pas toujours le temps de prévoir tout un programme à ce sujet. 100 % des écoles qui ont testé le programme Mon École Anti Gaspi reconduisent le programme l’année prochaine. Et en moins d’un mois, nous avons enregistré environ 2 000 nouvelles inscriptions d’écoles pour recevoir les contenus en septembre ». Après une phase pilote soutenue par le Ministère de l’Éducation Nationale, les contenus ont vocation à répondre à deux questions clés : en classe, comment apprend-on les enjeux de l’alimentation ? A la cantine, quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour parvenir à une cantine zéro-gaspi ?  

Une approche ludique pour favoriser la sensibilisation  

De la classe à la cantine, les enjeux du gaspillage alimentaire sont partout à l’école. Et ils posent avant tout la question des habitudes. Pour Lucie Basch, tout le monde doit être impliqué : « l’enseignant, le cantinier, l’animateur… et tous les enfants, doivent être acteurs du programme. Ces derniers pourront même initier de nouvelles habitudes à la maison. »  

Alors comment sensibiliser de la meilleure manière ? En le rendant le plus ludique possible et adaptable à toutes les matières : un objectif qui a guidé la réflexion autour du programme zéro gaspi de la startup. Bingo, jeu de sept familles, images, idées de recettes anti-gaspi… En classe, à raison d’une fois par semaine, ce n’est pas un cours comme les autres. « Le but étant de faire participer au maximum les enfants, le projet a été pensé pour que le gaspillage alimentaire soit abordé sous forme d’ateliers. » 

A la cantine, des pratiques concrètes peuvent aussi être mises en place. « Dans les self-services par exemple, le pain mis au début du service est systématiquement pris, alors qu’à la fin du service quand le plateau est plein, ce n’est pas autant le cas, illustre la fondatrice de Too Good To Go. Les enfants peuvent aussi être sensibilisés aux plats végétariens, à la gestion des doses, grâce aux infographies notamment. » 

Poubelles de tri, pesée connectée… différentes options d’aménagements peuvent également venir compléter cette sensibilisation. La mise en place de mobiliers de tri participe notamment à responsabiliser les élèves et l’ensemble des acteurs en milieu scolaire face au gaspillage alimentaire, et plus largement, aux enjeux environnementaux  !