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Témoignages

« L’école idéale représente la société telle qu’elle existe vraiment dans toute sa diversité »

28 décembre 2022

Michael Jérémiasz est un ancien athlète, médaillé paralympique tennis fauteuil et entrepreneur. En 2022, il a écrit et produit « We Are People », un documentaire engagé qui retrace le combat des personnes handicapées pour accéder au sport au fil des siècles. Il a accepté d’échanger avec nous sur l’importance du sport comme vecteur d’intégration sociale.

 

Quel constat faites-vous aujourd’hui sur l’inclusion du handicap à l’école d’une manière générale ?

Tout d’abord, le terme « inclusion » me gêne un peu, pour une raison simple : si l’on doit inclure les personnes handicapées, c’est qu’il y a un problème dans le monde dans lequel nous vivons, et qu’on ne les considère pas de la même manière que les personnes valides, comme part intégrante de la société.

Ensuite, s’il y a aujourd’hui des élèves en situation de handicap dans l’école de la république, leur nombre me semble encore trop faible. Cela évolue plutôt dans le bon sens, mais trop lentement. Il y a pourtant un véritable enjeu de scolarisation de ces enfants en milieu ordinaire. Évidemment, c’est de l’organisation et cela implique repenser le fonctionnement de l’éducation, l’accompagnement, le nombre d’auxiliaires de vie scolaire, l’aménagement des installations… mais il faut avancer plus vite !

 

En quoi le sport représente-t-il un levier pour favoriser l’inclusion, le vivre ensemble ?

Le sport, notamment à l’école, est essentiel pour les élèves quels qu’ils soient car il est une occasion de se réaliser. Pour une raison simple : tout le monde joue selon les mêmes règles pour atteindre un objectif commun. Le sport est ainsi réducteur d’inégalités de manière générale, mais en plus donne confiance en soi, crée du lien, rend autonome… et favorise le bien-être individuel. Au-delà de l’inclusion, le sport est un levier pour mieux vivre ensemble.

 

Quels seraient les bénéfices de pratiquer le sport tous ensemble à l’école, pour les élèves – en situation de handicap ou non – et pour les enseignants ?

Il n’y a que des bénéfices à pratiquer le sport ensemble à l’école ! Quand on est jeune et handicapé, on évolue dans un environnement où l’on est surprotégé. Le sport est un moyen d’en sortir, de s’épanouir, de se sociabiliser, de travailler son rapport aux autres.

C’est un défouloir nécessaire pour tous, et en plus, il permet d’avancer sur l’acceptation de la différence. Quand vous êtes régulièrement discriminé du fait de votre condition, cela vous met au même niveau que les autres.

 

Quels sont les freins à l’inclusion qui persistent aujourd’hui dans le milieu scolaire – sur le plan psychologique mais aussi en pratique sur le plan matériel ?

Dans un premier temps, il y a évidemment le manque de moyens financiers qui freine l’accélération et la réalisation d’une inclusion des personnes handicapées dans un environnement scolaire ordinaire. Mais il y a surtout un sujet autour de la sensibilisation de toutes les personnes qui gravitent dans et autour de l’école. Même si demain nous avions tous les moyens financiers à disposition pour réaliser l’école inclusive, il y aura toujours des personnes pour refuser le vivre ensemble de personnes handicapées et valides, en raison d’une véritable ignorance.

Il est donc essentiel à la fois de former les enseignants sur le vivre ensemble, l’acceptation du handicap mais aussi d’agir concrètement pour une banalisation de la différence. Et la pratique du parasport participe pour beaucoup à cela. Les professeurs, les élèves seront mieux sensibilisés, et participeront ainsi à la sensibilisation de leur entourage. C’est un cercle vertueux.

 

Quels conseils donneriez-vous aux enseignants ou établissements scolaires désireux d’intégrer davantage le parasport dans la pratique à l’école ?

Lancez-vous !

L’objectif de l’éducation physique à l’école est de créer des situations où chacun se dépense, apprend des règles, où l’on développe discipline et collaboration.

Il ne faut donc pas envisager le parasport comme quelque chose de lointain et compliqué : ce n’est que l’apprentissage d’un sport avec des règles qui diffèrent. Il faut l’intégrer dans un cycle de sport classique, entre tennis de table et football, sans en faire quelque chose d’exceptionnel. Par ailleurs, certains demandent assez peu de matériel et peuvent être facilement mis en place : mettre en place un cycle de cécifoot ne demande que quelques masques de cécité et un ballon sonore, de même pour la course en binôme les yeux bandés. Cela demande un peu d’imagination, mais ce n’est pas compliqué. Il faut surtout penser aux bénéfices que cela apporte. Et l’intérêt majeur : cela permet d’aborder la question du handicap de manière ludique.

 

Pour vous, à quoi ressemble l’école idéale ? Quelle serait la place du sport et l’intégration du handicap ? 

Mon école idéale est celle qui représente la société telle qu’elle existe vraiment dans toute sa diversité : de genre, d’origines, de handicap… Je voudrais une école accessible physiquement et adaptée à tous, avec des aides, des personnes bien formées… Et c’est évidemment une école où le sport prend plus de place.

A titre personnel, l’activité physique m’a énormément aidé quand j’ai repris mes études pour me concentrer, me sentir plus libre. Mettons plus de dynamisme dans l’école ! On peut apprendre à compter en chantant, en dansant... Et si l’on repense cela de manière globale, j’irais jusqu’à réinventer la façon dont l’école est meublée : remplacer les chaises par des tabourets ergonomiques, passer certains cours assis sur des swiss balls pour travailler le gainage et l’équilibre, etc.

 

Pour résumer : à tous les niveaux de notre société le sport et l’activité physique en général doivent être le moyen de favoriser le bien-être, mais aussi de nous retrouver et de créer une société égalitaire.

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