Les Arts Labs, des espaces au service de la créativité et de l’autonomie

Un espace nouveau, partagé et modulable, capable de s’adapter aux différents enseignements et aux besoins pédagogiques. Voici le concept à l’origine d’Arts Lab, un lieu imaginé par Marie Bara. La professeure d’arts plastiques revient sur cette approche et sur sa mise en application au sein de deux établissements toulonnais.

C’est en s’appuyant sur dix ans d’enseignement que Marie Bara a développé et mis en pratique en 2018 le concept d’Arts Lab. Enseignante professeure agrégée d’arts plastiques, formatrice didactique et numérique, elle enseigne alors au Collège de la Marquisanne à Toulon en classe REP+. Les travaux menés sur la forme scolaire, la dynamique académique en arts plastiques et des innovations réalisées dans d’autres établissements nourrissent sa réflexion sur l’aménagement des salles de classe. Objectif recherché ? Créer un espace agréable pour dynamiser les apprentissages et faciliter l’inclusion des élèves.

L’autonomie comme pierre angulaire

« L’idée est de cultiver le plaisir d’apprendre en développant l’autonomie des élèves, explique l’enseignante. Il s’agit de les impliquer dans les apprentissages, en les rendant acteurs, en leur donnant par exemple la possibilité de se tenir seuls, en groupe, debout, assis, par terre, etc. » La classe facilite ainsi la capacité à capter l’attention des élèves – une tâche pas toujours aisée pour des cours dispensés durant 55 minutes, une fois par semaine. Concrètement, le dynamisme de l’espace passe par le choix d’un mobilier flexible, modulable, qui favorise les déplacements. Tous les meubles superflus, à l’image des grandes armoires, sont retirés de la salle de classe pour faciliter la circulation. « Aujourd’hui, les enfants, dès le primaire voire la maternelle, doivent se maintenir en position assise et peuvent très peu se déplacer, souligne Maria Bara. Or les élèves ont besoin de bouger : le mouvement améliore la circulation du sang, aide à bien irriguer le cerveau, et donc à se placer dans une dynamique positive pour les apprentissages. »

La mise en application au sein de la salle Arts Lab tient toutes ses promesses. « Les élèves font des retours très enthousiastes. J’ai pu observer une vraie appropriation de l’espace sans générer de problématiques sur la gestion des classes. Pour certains élèves faisant preuve d’un dynamisme excessif voire de problèmes de comportement, le fait de pouvoir choisir leur posture de travail les aide à s’impliquer dans le travail. De même, le confort, l’esthétisme des lieux, montrent que l’on prend soin d’eux. »

>> Lire aussi : Focus sur l’Atelier Arts Lab, une salle d’Arts plastiques pas comme les autres.

Modularité et esthétique

Autre notion au cœur du projet : la modularité. Le principe est de créer des espaces d’apprentissage à partir des besoins des « usagers » selon le concept développé par la designer néerlandaise, Rosan Bosch. La salle d’arts plastique est ainsi constituée d’un espace dégagé mettant à disposition des micro-espaces, pour répondre à des situations d’apprentissage variées : un coin atelier pour les expérimentations, des espaces « labo » avec possibilité de travailler debout ou sur des tabourets hauts, surfaces d’inscription que les élèves peuvent investir, etc.

De même, l’enseignant ne se tient plus systématiquement debout face à des élèves assis, il se tient assis à leur côté, ouvrant la possibilité de davantage individualiser la relation. L’idée est, par la même, d’encourager les postures différentes du travail, notamment dans la perspective de l’utilisation des outils numériques. Dans la même idée, la salle dispose de murs de couleur (bleu, vert, rose) qui donnent la possibilité technique de réaliser des incrustations d’image.

Une autre priorité de l’approche Arts Lab consiste d’ailleurs à soigner la qualité esthétique de l’espace. Soulignant qu’une belle salle de classe améliorait les résultats des élèves, ainsi que l’a montré une étude de 2015 de l’université de Salford, Marie Bara recourt à la notion de design émotionnel : « De même que certaines personnalités sont plus agréables et stimulantes, l’espace doit disposer de caractéristiques pensées pour stimuler les élèves, leur donner envie d’apprendre, de travailler, de réfléchir au sein d’un lieu un peu différent, non standardisé ».

Un large champ de possibles

Après le collège de La Marquisane, Marie Bara a intégré le lycée Bonaparte de Toulon.  L’occasion de se lancer dans un nouveau projet : la création d’une seconde salle Arts Labs, avec cette fois la particularité de ne pas être réservée aux arts plastiques. Actuellement en cours d’élaboration, l’espace est pensé pour accueillir une grande variété d’approches pédagogiques comme de disciplines. Histoire de l’art, géographie, mathématique… L’idée est d’offrir de nouvelles possibilités aux professeurs des autres disciplines sans contraindre, grâce à une approche flexible. « La pratique montre qu’enseignants comme élèves travaillent très différemment dans des espaces en autobus ou avec des ilots, insiste l’enseignante. Chacun peut parvenir à tirer parti de cette approche. » On l’aura compris, plus que jamais, elle est confortée dans sa conviction : l’espace constitue un acteur de pédagogie.

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Pour en savoir plus :

Le projet Arts Lab bénéficie depuis sa création de l’accompagnement pédagogique de l’inspection académique, les IA-IPR d’arts plastiques et d’histoire des arts et de l’inspection générale. Ce projet est aussi soutenu par les différentes équipes du lycée, l’équipe de direction qui accompagne et facilite la mise en œuvre, mais aussi l’équipe de gestion et l’équipe technique de la région. Le site Archiclasse favorise également sa réflexion grâce aux fiches à disposition et aux témoignages inspirants.