Les semeurs de graines du collège Germillac
A Tonneins, dans le département de Lot-et-Garonne, sur un terroir agricole, deux professeurs du collège Germillac ont souhaité sensibiliser leurs élèves de 6e Segpa à leur alimentation, au rythme des saisons et au respect de l’environnement. Un projet qui a pris, il y a trois ans, la forme d’un potager. Récit.
De l’idée au potager
« Le projet est parti de plusieurs constats, raconte Jean-Christophe Vertuol, enseignant pour les classes de Segpa au collège Germillac. D’abord, la consommation de fruits et de légumes ne parle pas beaucoup aux adolescents, tout comme les saisons et les productions légumières et fruitières qui leurs sont associées. Et de manière plus générale, les jeunes avaient une forte méconnaissance de la faune et de la flore qui peuplent leurs jardins et plus largement le Val de Garonne ».
C’est ainsi qu’en 2017, rejoint par un nouveau collègue tout juste arrivé du Pas-de-Calais, Carlos da Fonseca, le projet de réalisation d’un potager a été lancé, et l’idée de départ de Jean- Christophe Vertuol étoffée. Carlos da Fonseca a en effet proposé d’ajouter aux carrés potagers cultivés en bio initialement prévus, deux parcelles cultivées selon les principes de la permaculture, technique qu’il avait déjà mise en pratique dans son établissement précédent.
Mais avant de semer les graines du projet « Les fleurs et les légumes de mon jardin », il fallait préparer le terrain : fabriquer les carrés potagers, installer une cabane en bois où ranger tout le matériel de jardinage, ou apporter les broyages et le paillis nécessaire à la préparation des cultures. Autant d’étapes qui ont été conduites à partir de la rentrée 2017 et en début d’année 2018.
« Pour la fabrication des carrés potagers, nous avons associé nos élèves de 6e Segpa au groupe des 4e Segpa », explique Jean-Christophe Vertuol. En effet, à partir de la 4e, les élèves des classes d’enseignement adapté ont, en plus de leurs cours d’enseignement général, des cours dans les ateliers Hygiène, Alimentation et Service (où l'on pratique notamment la cuisine), des cours en atelier Habitat et des cours en atelier Vente, Distribution et Logistique (VDL). Ils ont pu participer au projet de potager en exerçant le rôle de tuteurs des 6e pour la réalisation des découpes et des assemblages de pièces de bois (création des carrés potagers).
Plus tard, en janvier 2018, « nous avons profité de la semaine Santé et Citoyenneté pour enfin installer les espaces à cultiver, souligne Carlos da Fonseca. Durant cette semaine l’établissement nous autorisait à réaliser le projet de notre choix et à organiser l’emploi du temps à notre guise. Sur l’espace de pelouse situé entre nos classes et les ateliers, nos élèves de 6e Segpa ont donc créé les parcelles de permaculture en forme d’arcs de cercles, fabriqué les plessis avec des branches taillées au collège, pour marquer leurs bordures et préparé le sol». Des fraisiers, des fèves, des haricots, des petits pois, des blettes, plusieurs variétés de tomates, des citrouilles, des butternuts, des artichauts, un prunier ou encore des herbes aromatiques ont été plantés par la suite.
Apprendre en pratique
Et si depuis un an, les confinements et les mesures sanitaires ont stoppé la progression du potager, des premiers résultats très satisfaisants ont été constatés par les professeurs engagés dans cette aventure. Cela a permis de mettre en pratique des apprentissages plus théoriques d’abord. Pour la découpe et la confection des carrés potagers, il a fallu utiliser des notions de géométrie, s’assurer d’avoir des angles droits, relever des côtes, tracer des arcs de cercles sans compas... « J’ai les 6e en SVT et c’est tout à fait en adéquation avec le programme, assure Carlos da Fonseca. Et de manière générale, les élèves se sont attachés à ce potager. Ceux qui ont initié le projet en 2017 et sont actuellement en 3e, m’en parlent toujours avec une certaine nostalgie et avec fierté. Ils demandent aux plus jeunes qui arrivent d’y faire attention ». « D’ailleurs, nous n’avons jamais constaté de dégradations. Tous les élèves ont un grand respect vis-à-vis de cet espace alors qu’il est sur un lieu de passage », ajoute Jean-Christophe Vertuol.
Enfin, comme cela a été le cas pour la manipulation du bois, ce projet a favorisé le travail en commun entre élèves plus jeunes et élèves de 4e, au moment des premières récoltes notamment. En atelier cuisine, les adolescents ont pu réaliser des recettes à partir des fruits et légumes cultivés dans le potager, comme des soupes de citrouilles.
C’est donc avec entrain et détermination que Carlos da Fonseca et Jean-Christophe Vertuol souhaitent poursuivre et étoffer ce projet. En plantant de nouveaux arbres fruitiers et de nouvelles variétés de légumes perpétuels ou pas, en installant un poulailler ou une ruche... Ils aimeraient aussi installer une serre. Autant d’idées qui pourraient se concrétiser plus vite que prévu. Car l'établissement a lancé le projet de transformation de l'atelier VDL en Espace Rural Environnement (E.R.E.). Une bonne raison d’utiliser le potager existant et de le sublimer.
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