Témoignage de la classe de Véronique - Enseignante niveau de cycle 1 et 2

Véronique Le Clec’h nous parle ici de la manière dont elle a fait évoluer sa pédagogie, en conjuguant des inspirations de provenances différentes. Sensible à la qualité du cadre dans lequel elle exerce, elle s’emploie à créer la « classe bijou », où elle a plaisir à enseigner et où les élèves se sentent accueillis pour apprendre.

Quel est le cadre de votre projet pédagogique ?

J’exerce dans un établissement public, donc je me dois de respecter le cadre de l'Education Nationale. C’est ma seule contrainte ! Je prends les meilleures pratiques dans différentes méthodes pédagogiques. C’est l’opportunité d’utiliser plusieurs outils pédagogiques. Par exemple la méthode Montessori reste pauvre au niveau de la créativité artistique et imaginaire, mais j'ai la chance de pouvoir aller chercher ailleurs des choses plus créatives.

Mon enseignement s’inspire donc de plusieurs sources, dont les principales sont :

• Freinet pour l'initiative, l'écriture et le contrat de travail ;
• Singapour l’apport d'images concrètes et de manipulations ;
• enfin une influence du Canada lorsque j'ai découvert sur Pinterest tout ce qui se faisait en Amérique du Nord. Un certain nombre de pratiques jugées bonnes ont été transposées : par exemple notre livret de réussites, qui n'est rien d'autre que le portfolio pédagogique du Canada !

Actuellement de nombreux programmes scolaires semblent aller dans le même sens que l'Amérique du Nord et c'est plutôt une bonne chose. Je m’inspire aussi des apports de Sylvain Connac, car la personnalisation me semble incontournable.

Toutes ces inspirations m’ont poussée à repenser la configuration de ma classe.

Quelles sont les premières transformations que vous avez entreprises ?

 Tout d'abord j'ai enlevé mon bureau qui occupait environ 1/10 de la superficie complète. J'ai également ôté les armoires de stockage et pris des meubles que j'ai couchés pour que tout soit accessible aux élèves. Nous avons instauré le port des chaussons pour une atmosphère plus intime mais aussi pour un sol plus propre.

Enfin, nous avons positionné des assises à différentes hauteurs et créé une zone de regroupement. Très vite, nous avons fait un constat : le niveau sonore a baissé… il y a des enfants au sol, allongés ou assis, d’autres debout. De fait, les niveaux sonores ne se cumulent plus grâce aux hauteurs différentes… De plus on les voit mieux de manière individuelle.

Comment êtes-vous organisés maintenant ?

Mon bureau a été remplacé par une petite table qui est en fait un bureau d'enfant – un ancien bureau de ma fille - où je pose mon ordinateur et un sac roulant : j'occupe le même espace que chacun de mes élèves !

Les étagères sont maintenant positionnées à l'horizontale pour que tout le monde puisse accéder à leur contenu :  c'est un détournement de l’utilisation de ce meuble, mais je trouve que c'est une bonne idée !

J'ai créé un espace par matières :

• histoire, géographie et sciences
• mathématiques
• français, lecture, bibliothèque

A proximité de l’espace Regroupement, les tables sont en îlots : cela permet d’économiser de l’espace et la pièce est, de fait, plus aérée.  Les places ne sont pas attribuées : chacun a son panier avec son matériel et a la possibilité de changer de voisins en transportant son panier.

Nous avons récupéré des tables de cantine sans casier et des meubles de rangement avec 4 tiroirs chacun ; ils sont sur roulettes.  Tout est nomade dans cette classe : les élèves aiment bien que je change la disposition de la classe ; ce que je ne manque pas de faire pour chaque retour de vacances.

En donnant la possibilité de faire un zoom sur un sujet sur une matière à chaque rentrée les enfants sont curieux de savoir ce que j'ai changé. Chaque  fois, c’est une redécouverte, un moment un peu magique

 Il y a aussi des petits tapis, et si j'avais une plus grande classe, j'aimerais y loger une partie motricité… alors pour l’instant, c’est le couloir que j'investis. Il y a une ou deux équipes de deux élèves qui jouent sur une grande mappemonde. Ils ont également le droit de prendre le tapis pour aller dans le couloir et y travailler. J'utilise assez souvent le couloir pour les ateliers qui font un peu plus de bruit.

Dans de nombreuses matières, mais particulièrement pour l'anglais j’utilise un vidéoprojecteur interactif.

Et n’oublions pas le coin écoute : avec sa petite table et son lecteur de CD, où il est possible de brancher plusieurs casques. Les élèves viennent pour y entendre des histoires. Je dois gérer l'espace pour que chacun puisse y venir à son tour, sinon tout le monde y serait continuellement.

L’importance de l’esthétique … pour tous !

Je passe beaucoup de temps dans ma classe : j'ai besoin de ce soit un peu chez moi et que les enfants eux aussi s’y sentent un peu chez eux. Pour eux je voudrais une classe « bijou » !

Il est aussi important de donner aux enfants cette éducation à l'esthétisme, en leur proposant un espace où il y a de jolies proportions et des couleurs qu'ils aiment. Quand le mobilier est un peu plus haut, cela donne un sentiment de cocooning, on peut le réserver pour un coin de classe, on s’y sent un peu plus en sécurité. Pour le reste de l’espace, on peut au contraire privilégier des meubles bas pour laisser le regard se prolonger. On a des envies de profondeur : lorsqu’on arrive dans une pièce lumineuse, que la lumière n'est pas arrêtée par les meubles, c'est également très agréable.  

Et si… vous aviez une baguette magique ?

J'aimerais que nous ayons davantage de tablettes, ainsi qu’un meuble où on puisse installer toute la connectique pour que les enfants puissent par exemple se servir en toute sécurité de quelques iPad… Egalement disposer d’un appareil photo numérique et d’une petite imprimante pour stocker les données de chacun !

Vous appréciez cette initiative ?  Vous voulez aller plus loin ? C’est ici.

Propos recueillis auprès de Véronique Le Clec’h.