Méditation, un outil au service des élèves et de la gestion de leurs émotions
Directrice et institutrice de CM1 au sein de l’école élémentaire Verduron, dans les hauteurs de Marseille, Cécile Cathala, a découvert la méditation de pleine conscience il y a quatre ans. Une pratique qu’elle a souhaité partager avec sa classe. Après une formation en 2020, elle a donc initié ses élèves de CM1. Elle livre ses retours d’expérience et ses conseils.
Pourquoi avez-vous souhaité initier vos élèves à la méditation ? Quels sont, selon vous, les bénéfices de cette pratique ?
Cécile Cathala : La méditation consiste à passer d’un regard tourné vers l’extérieur, de ressentis liés à cet extérieur, à un regard plus intériorisé, à une écoute de sa respiration et de ses émotions. En règle générale dans la classe, l’attention des élèves est toujours tournée vers l’extérieur : la maitresse, le tableau, les camarades, qui bougent, interpellent, les objets, le cahier…
Des séances de méditation à l’école me semblent donc être un moyen d’inviter les élèves à s’observer et apprendre à mieux se connaître. Savoir écouter ses ressentis, les identifier et s’en détacher est finalement indispensable quand un problème survient, quand on commence à se sentir mal à l’aise devant un travail, ou submergé par un sentiment de colère, de peur ou de honte.
Comment avez-vous mis en place la pratique de la méditation dans votre classe ?
Cécile Cathala : Au départ, il y a 3 ans environ, mes collègues et moi-même, nous sommes appuyées sur des supports audios de pratiques guidées de la méditation vendus dans le commerce. Les exercices d’environ 10 minutes semblaient réellement plaire aux élèves. Mais comme il n’y avait que trois ou quatre supports sonores différents disponibles, et que toutes les enseignantes les ont utilisés, au bout d’un moment, les élèves ont commencé à se lasser d’exercices un peu répétitifs et il a fallu penser à faire évoluer les séances.
A cette époque, on m’a parlé de l’Association Méditation dans l’Enseignement (A.M.E), et j’ai appris qu’une formation de 5 jours était organisée en février 2020 à Aix-en-Provence, non loin de chez moi. Je me suis donc inscrite.
Que vous a appris cette formation ? A adapter la pratique de la méditation en fonction de l’âge ?
Cécile Cathala : Elle permet d’intégrer un programme équivalent à 10 semaines de pratique en classe, à raison de deux séances par semaine. C’est très encadré, riche et intense. Les outils proposés donnent toutes les clés pour initier les enfants en fonction de leur âge, de la maternelle au lycée.
Les participants à la formation apprennent donc à mettre en place des exercices différents, très variés, parfois en mouvement, d’autres fois, allongés, le plus souvent assis et sont sensibilisés pour utiliser un vocabulaire adapté à l’âge des élèves.
Ainsi, cette année, j’ai pu organiser deux cycles de dix semaines de méditation avec mes élèves de CM1. Les séances durent 15 minutes chacune.
Où est-il recommandé de pratiquer la méditation à l’école ? Quels sont les aménagements nécessaires ?
Cécile Cathala : Rester dans sa classe sans aménagement particulier est tout à fait possible pour les premières séances. Mais si on veut pérenniser la pratique de la méditation en classe, il me semble plus pertinent d’adapter la classe et/ou d’avoir d’autres espaces à disposition, à l’intérieur comme à l’extérieur.
En termes d’aménagement, je recommande d’avoir à portée de main des tapis et des coussins pour les exercices couchés ou assis. Surtout, comme la pratique se fait dans la classe principalement, il est important de libérer l’espace et donc de bénéficier d’un mobilier modulable ou de rangements.
D’ailleurs, dans ma classe, avant de partir à la cantine, on range tout, même les trousses sur les tables, de manière à rentrer dans un espace dégagé et « zen » au moment de la séance de méditation. En général, je choisis d’organiser les séances pour la reprise de l’après-midi, quand les élèves sont plus fatigués et/ou excités après deux heures de pause.
Avez-vous observé des changements chez vos élèves ?
Cécile Cathala : Le plus instructif et bénéfique a été, il me semble, de faire parler les élèves à la suite des séances autour des émotions avec pour objectif d’identifier ce qui les perturbe le plus et de les aider à trouver une solution pour atténuer leurs inquiétudes.
Une petite fille qui se mettait à pleurer très régulièrement en classe lorsque je l’interrogeais et qui perdait tous ses moyens, a ainsi demandé à l’ensemble de la classe d’éviter qu’on la regarde ou qu’on fasse des réflexions quand les larmes lui montaient. Aujourd’hui, ses camarades respectent sa volonté et elle apprend à réguler seule ses émotions. Le regard des autres venait renforcer son stress.
Par ailleurs, un élève m’a raconté qu’il s’était servi de la technique de la respiration en carré à la maison alors qu’il s’énervait devant son jeu vidéo, et que cela lui avait éviter de crier et de lancer sa manette. Cette respiration s’articule en quatre temps identiques - inspiration, blocage de la prise d’air, expiration et blocage à vide -, elle permet de rapidement faire descendre la pression.
Après, il ne faut pas attendre de grands changements en quelques séances. De plus, les enfants qui s’emparent facilement des bienfaits de la méditation sont déjà de très bons élèves. Ils ont cette capacité en amont à se concentrer et la méditation renforce encore ces qualités. En revanche, pour les plus émotifs, ceux pour lesquels on aimerait que les effets de la méditation soient assez radicaux, les bénéfices sont plus longs à observer. Mais cela porte tout doucement quelques fruits, et de mon côté, cela a transformé ma relation avec les élèves en difficulté. Je suis devenue plus patiente et plus attendrie par eux.
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