École maternelle : l’exemple allemand des Kindergarten
Souvent mal considérée et jugée anachronique, l’école maternelle à la Française interroge depuis de nombreuses années, professionnels de l’éducation, associations et parents d’élèves. Certains n’hésitent d’ailleurs plus à imaginer sa suppression pure et simple, à l’image du livre « Il faut fermer les écoles maternelles » de Julien Dazay, inspecteur de l’Éducation nationale.
Dans ce contexte, plusieurs voix invitent à jeter un œil attentif au modèle des Kindergarten allemands, ces jardins d’enfants ouverts aux petits de 3 à 6 ans.
Outre-Rhin, l’école maternelle n’existe pas. Les femmes restent bien souvent au foyer pour s’occuper de leurs enfants. Et les hommes sont de plus en plus nombreux à avoir recours au congé parental. Mais ils peuvent aussi être accueillis au Kindergarten.
École maternelle vs Kintergarten
Si notre proximité géographique et culturelle pourrait nous laisser imaginer deux systèmes globalement similaires, école maternelle et Kindergarten présentent pourtant des différences fondamentales. Jusque dans leur nom. On parle ainsi de « jardin » en Allemagne alors qu’on use déjà du mot « école » en France. Les enfants sont ainsi pris en charge par des éducateurs et non des professeurs d’école.
Autonomie, découverte et apprentissage par le jeu constituent les piliers du système des Kindergarten. L’épanouissement de l’enfant et sa capacité à vivre en collectivité en sont les objectifs prioritaires.
C’est par le jeu que les enfants exercent leur curiosité, affûtent leurs aptitudes et apprennent, seul ou ensemble, avec des élèves de leur âge ou pas. L’entraide est d’ailleurs largement valorisée.
En accompagnant leurs expériences, en encourageant leurs initiatives et leurs découvertes, les éducateurs se positionnent davantage comme des guides.
Les scènes de vie décrites dans cet article de Yelly Hernandez « chacun son rythme : la maternelle version allemande » pourraient surprendre plus d’une famille française. On y découvre des enfants jouant à la poupée dans la salle de gym pendant que d’autres s’essayent à la trottinette dans les couloirs. En chaussons ou en chaussettes, pour respecter les règles d’hygiène et de confort.
Comme en France, les élèves des Kindergarten ont une classe attitrée. Si elles rassemblent souvent un même groupe d’âge, certaines classes peuvent néanmoins accueillir des enfants de 3 à 7 ans, indifféremment. Et dans tous les cas, les élèves sont amenés à circuler d’un groupe à l’autre, pour participer aux activités qui les intéressent.
L’Aménagement de l’espace : un enjeu clé
Évidemment, l’aménagement apparait comme un enjeu clé du fonctionnement d’un Kindergarten. Les espaces sont le plus souvent ouverts pour faciliter les déplacements. Des lieux de vie communs, des salles d’activités, des espaces de travail individuel ou en groupe structurent le lieu.
Dans un article paru dans le Parisien, on découvre l’intérieur d’un Kindergarten à Berlin : la salle d’action et sa piscine à balles, la salle de musique, la cuisine, l’espace dédié aux parents ou le jardin extérieur, vaste et accueillant.
Bien entendu, le mobilier modulable occupe une place primordiale dans l’aménagement des Kindergarten en permettant d’organiser les espaces de manière flexible, en fonction des temps de la journée ou des besoins du moment, tout en permettant de répondre à une multitude de scénarii. De quoi répondre à un autre enjeu fondamental du système des Kindergarten : l’éducation individualisée.
En Allemagne, l’éducation relève de la compétence des Länder. Le panel des Kindergarten est large, en fonction notamment de leurs financements. Une place à mi-temps dans un Kindergarten est garantie pour chaque enfant. Mais l’inscription est payante, en fonction des revenus des parents.
Si la plupart des parents partagent globalement les enjeux d’épanouissement et de développement des capacités par le jeu défendu par le système allemand des Kindergarten, certains émettent néanmoins un son de cloche dissonant. Dans un article paru dans le magazine Spirale, la journaliste Pascale Fossat recueille les témoignages de parents et de professionnels de l’éducation ou de l’enfance qui dénoncent, entre autres, l’absence d’apprentissage ou le laisser-faire ambiant du modèle allemand.
L’expérience des Kindergarten peut-elle contribuer à alimenter la réflexion des professionnels de l’éducation en France pour réinventer l’école maternelle ? Sans révolutionner la manière qu’ils ont d’envisager l’école, de nombreux enseignants cherchent de nouvelles perspectives et trouvent déjà dans le les classes flexibles et le flexible seating un moyen de concilier les objectifs d’une éducation à la Française avec ceux défendus en Allemagne, pour mieux répondre aux enjeux pédagogiques actuels.
Et vous, connaissez-vous les Kindergarten ? Quels sont selon vous les atouts de ce système ? Et ses faiblesses ?
Commentaires ({{totalComments}})
Laissez un commentaire