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Éducation

TOP 8 - Des écueils possibles quand on passe en classe flexible

30 décembre 2019

Se lancer dans l’aménagement flexible est souvent décrit par les enseignants et les élèves comme une belle  aventure, une nouvelle façon de vivre la classe au quotidien. Comme toute aventure, celle-ci peut réserver bien des péripéties et de nombreux défis à relever. Voici huit écueils auxquels il est possible de se trouver confronté, et des conseils pour les contourner avec MaitresseAurel.

1- Penser « design » et « esthétique » plutôt que « fonctionnalité » et « pratique »

La classe flexible, ce n’est pas de la « déco », pour « faire beau ». C’est avant tout un fonctionnement fondé sur des besoins pédagogiques. Les ergothérapeutes spécialistes de la classe flexible rappellent parfois aux enseignants de se « méfier » de leurs coups de cœur pour tel ou tel matériel au design séduisant. C’est vrai que certains mobiliers sont formidablement attractifs, avec leurs formes originales et leurs couleurs vives… Mais leur utilisation et intégration dans le quotidien doivent être  bien réfléchies. Par exemple, des coussins gonflés multicolores posés au sol, c’est très beau mais cela représente en fait une posture difficile à maintenir pour les enfants.
La solution : faire appel au bon sens et surtout, quand c’est possible, demander à un ergothérapeute ce qu’il pense des installations et du matériel envisagés.

Retrouvez ici le témoignage de Carolyne de Mainville, ergothérapeute et formatrice

2- Vouloir faire « comme sur Instagram »

Copier-coller ce qu’on voit sur internet ne suffit pas et c’est même à éviter. Le public, l’espace, les moyens et les besoins sont propres à chaque situation et à chaque contexte. Du coup, ce qui marche bien dans une classe ne fonctionnera pas dans une autre… Par ailleurs, tout comme les particuliers qui trouvent leur vie moins passionnante que celle affichée par les autres abonnés sur les réseaux sociaux, les enseignants se sentent parfois découragés quand ils comparent les photos sur Instagram avec la réalité de leur propre classe… Pourtant, il ne faut surtout pas se laisser impressionner par les images de classes flexibles d’apparence parfaite, qui circulent sur internet ! 
En revanche, on continue à profiter de l’espace d’échange que représentent les réseaux sociaux. Ils sont une très belle occasion de partager son expérience avec celles de ses confrères.

3- Brûler les étapes

Tout changer du jour au lendemain n’est souvent pas une bonne idée. Même Rome ne s’est pas faite en un jour ! Il faut y aller pas à pas, en douceur. La classe flexible, c’est une petite révolution… Et l’idéal pour la préparer, c’est de commencer par en parler en classe. Recueillir régulièrement les impressions des enfants concernant les installations et le mobilier, connaître leurs attentes et leurs suggestions, c’est un premier pas vers une classe flexible réussie. Pleinement intégrés dans le choix et l’installation du matériel, les élèves l’utiliseront d’autant plus spontanément. Cela prend du temps de recueillir leurs idées, d’y réfléchir et de les analyser. Mais c’est un  temps nécessaire pour la réussite de toute la démarche.

4- Acheter du mobilier flexible sans test préalable

Avant de dépenser son budget pour du mobilier flexible qui reste tout de même onéreux, mieux vaut faire des essais pour s’assurer que le matériel sera bien pris en main par les élèves. Plusieurs options sont possibles : on peut faire des tests en installant d’abord du matériel de récupération, dont on s’assure qu’il réponde bien aux exigences de sécurité. On peut aussi demander à tester le matériel avant de l’acheter. Dans tous les cas, faire des essais permet d’établir des priorités d’achats, plutôt que d’acquérir du mobilier dont on ne sait finalement pas quoi faire et que les enfants n’utiliseront pas.

5- Se laisser déborder par cette nouvelle « liberté »

Se lancer dans un aménagement de classe flexible, nous l’avons dit, c’est une petite révolution, qui apporte un sentiment de liberté. Mais cette liberté ne signifie pas que les élèves peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Même la bienveillance a besoin d’un cadre pour prévenir les débordements. Le tout est de poser des règles bien comprises et acceptées par tous. Fondées sur le bon sens et le respect de l’autre, elles abordent les différents aspects du bien vivre (et bien apprendre) ensemble : gestion du bruit, des déplacements, de l’accès aux installations… Mettre en place des groupes de paroles permet là encore aux élèves de partager leurs ressentis pour trouver ensemble de nouveaux modes de fonctionnement.  

6- Oublier l’importance de sa propre posture

Pour passer en aménagement flexible, changer les meubles n’est pas toujours la première chose à faire. Tout doit être repensé, y compris la place de l’enseignant lui-même dans la classe. L’idée pour l’enseignant est d’adopter une posture adaptée au nouveau fonctionnement qu’il veut mettre en place. Dans certain projets de classes flexibles, la première chose décidée par le maître ou la maîtresse est de supprimer son propre bureau, devenu inutile et encombrant. Avant de remplacer les meubles traditionnels par un nouveau mobilier flexible, on peut donc parfois commencer par en supprimer.

7- Abandonner trop vite en cas de déception

Se lancer dans la classe flexible, c’est aussi s’exposer à des déceptions. C’est normal et cela ne doit pas forcément vous arrêter. Par exemple, quelques semaines après s’être lancé en classe flexible, on s’aperçoit que tel aménagement qui semblait fantastique sur le papier, n’est pas utilisé par les élèves. Certains enfants peuvent aussi avoir le sentiment que « c’était mieux avant ». Certains enseignants, pour leur part, peuvent avoir du mal à gérer la classe flexible, maintenant que les postures et déplacements des élèves ont changé.

Bref, si après quelques semaines en classe flexible on se sent un peu « dépassé », cela ne veut pas dire qu’il faut totalement renoncer à ce type d’aménagement. Il ne faut pas hésiter à faire un pas en arrière et à revoir son organisation. Ce n’est pas synonyme d’échec : au contraire, savoir se remettre en question est essentiel et représente un nouveau pas vers la réussite de tous.

A noter que de nombreux enseignants, ergothérapeutes et professionnels des aménagements éducatifs se dirigent aujourd’hui vers la classe à aménagement semi-flexible : une classe qui proposerait des zones d’activités avec du mobilier flexible, mais aussi une zone « traditionnelle », où les élèves qui en ressentent le besoin pourront retrouver leur table attitrée. Car oui, il y a aussi des choses à garder dans le modèle de la classe traditionnelle… heureusement ! 

8- Seul au monde : évitez de rester seul(e) dans vos réflexions

Si la classe flexible a pour mission de faire développer aux élèves les compétences psycho-sociales et transversales telles que l'autonomie, l'initiative, la coopération, l'entraide ... il est essentiel pour l'enseignant de les mettre en pratique de son côté aussi. On  est rarement seul face aux difficultés au sein d'une école et 2 têtes valents toujours mieux qu'une. Osez demander, parler, évoquer vos réflexions, vos essais, vos doutes ... avec vos collègues ou votre équipe de circonscription afin de vous lancer dans les meilleures conditions possibles.

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