En classe de perm, discuter c’est permis !
Entre ennui, punition ou devoirs silencieux, les heures passées dans les salles d’études sont rarement synonymes d’apprentissage heureux ou d’interactions fructueuses. Un état de fait qu’ont voulu abolir les deux CPE du collège Jules Ferry d’Hyères, Christine Heiser et Séverine Calvez. Elles racontent.
Du constat à l’action
A Hyères, dans le Var, le collège Jules Ferry accueille chaque jour 730 élèves entre ses murs, dont beaucoup fréquentent les deux salles d’études au cours de la journée. La raison de ce succès ? Le travail initié par les deux CPE de l’établissement pour en faire des espaces attrayants et sereins. Investies et sur la même longueur d’onde, Christine Heiser et Séverine Calvez en étaient persuadées : « se sentir bien dans un établissement contribue à ce que l’élève soit disponible et disposé pour bien travailler. Mais le dire c’est bien, agir c’est mieux », témoignent-elles. Elles ont donc commencé il y a six ans, en aménageant une première salle, baptisée « Perm@net » dédiée aux pratiques numériques des adolescents.
Et c’est dans la logique de ce projet, « véritable réussite » et sans aucune dégradation à déplorer, que les deux collègues ont voulu impulser de nouvelles transformations. En 2018, avec l’entier soutien de la direction du collège, elles lancent ainsi un projet d’aménagement des deux salles d’étude avec Manutan Collectivités afin de permettre aux élèves de travailler de manière sereine : « Les murs étaient gris et les salles étaient aménagées de manière classique avec des tables individuelles non mobiles, alignées les unes dernières les autres, et face à elles le bureau magistral du surveillant. Ce qui ne nous convenait absolument pas, explique Christine Heiser. Nous étions soucieuses de trouver des solutions pour lutter contre le décrochage scolaire. Le cadre joue beaucoup sur la motivation. ».
Nouveaux espaces et mobilier : deux leviers très motivants
Jugées trop « tristes » en termes d’ambiance et trop « strictes » dans leur gestion, les deux « permanences » ont donc été relookées en « Perm2.0 » et « PermaZen » : « Les élèves très impliqués du CVC (Conseil de Vie Collégien) et initiateurs du projet, accompagnés des élèves décrocheurs ou isolés, ont participé à repeindre les deux salles en blanc et ils ont réalisé une grande fresque en noir et blanc dans la plus grande des deux, rebaptisée Perm2.0. Nous avons choisi un mobilier modulable dans chacune d’entre elles tout en créant deux atmosphères bien distinctes », décrit Christine Heiser.
Pour les choix d’aménagement et le mobilier, les CPE ont établi la liste de leurs besoins avec Manutan Collectivités. La salle Perm2.0 accueille par exemple un mobilier ultra-flexible, propice aux pratiques numériques, à l’étude seul ou à plusieurs, et aux discussions. On y trouve des tables et chaises hautes, des tables et chaises légères emboitables ou encore des sièges mobiles avec une tablette fixe, permettant de poser des cahiers ouverts ou des ordinateurs, et de se déplacer aisément dans l’espace. En PermaZen, l’idée est de favoriser la détente et la communication entre pairs pour favoriser les apprentissages. On trouve ainsi des canapés, des poufs rectangulaires, triangulaires ou ronds, et des tables basses aux coloris vifs « pour une atmosphère cosy et dynamique ». Ainsi, si les élèves « ont envie de travailler allongés, à demi-allongés, dans les poufs, seuls ou réunis autour d’une table basse, ils peuvent aujourd’hui le faire puis basculer vers la Perm2.0 quand ils le souhaitent », souligne Séverine Calvez.
Résultat, métamorphosées depuis avril 2019, les salles ne désemplissent pas. « Surtout en fin de journée, alors que les élèves pourraient souvent rentrer chez eux. Mais aussi le matin à 8h, même quand ils n’ont cours qu’à 9h », se réjouit Séverine Calvez. « Nous voulions des espaces modulables, avec des couleurs attrayantes pour donner envie et susciter la coopération entre élèves. D’ailleurs pour compléter le projet, nous avons également sensibilisé les surveillants pour qu’ils questionnent et changent leur façon de gérer la salle d’étude. L’idée étant de conserver une discipline sans cris et autoritarisme, dans une approche bienveillante, et de créer les conditions pour s’entraider ou discuter d’un sujet », explique encore Christine Heiser. Le budget nécessaire pour la réalisation de ce projet a été entièrement assumé par le Foyer Socio Educatif du Collège. Pour l’instant, difficile d’évaluer l’impact de cet aménagement dans la lutte contre l’échec scolaire, mais les retours sont tous positifs : « Nos élèves en décrochage y sont manifestement beaucoup plus détendus et plus enclins à écouter ce qu’on a à leur dire », confirme la CPE. Ravies les deux collègues espèrent bien ne pas s’arrêter en si bon chemin et peu à peu convaincre les enseignants de propulser cette dynamique dans leurs classes. « On essaye de mettre nos méninges à rude épreuve pour en sortir des idées et projets qui seraient profitables aux élèves, confient les conseillères. Pour les beaux jours par exemple, nous avons aussi du mobilier prévu pour l’extérieur afin de permettre aux élèves de travailler à l’air libre, sur des petites pelouses synthétiques et qui constitue une prolongation de notre projet. »
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