Forticl@sse : « un laboratoire pédagogique de la classe élémentaire du futur »
Dans le cadre du projet européen Future Classroom Lab (FCL) dédié aux nouvelles pratiques pédagogiques, l’école élémentaire S. Le Prestre de Neuf-Brisach en Alsace (68), a imaginé un espace innovant pour apprendre aux élèves les compétences du XXIe siècle. Baptisé Forticl@sse, il est ouvert depuis janvier 2019. Laurent Lanneau, professeur et coordinateur du projet revient sur sa genèse, et nous confie ses observations et ses conseils.
Forticl@sse c’est quoi ? Comment est né le projet ?
Laurent Lanneau : C’est un laboratoire pédagogique de la classe élémentaire du futur. Un espace collectif qui peut être investi à tout moment de la journée pour permettre aux élèves d’acquérir des compétences identifiées comme indispensables pour leur futur.
Pour le concevoir et l’aménager, un groupe de réflexion composé d’enseignants de notre école, de représentants de la commune, de parents d’élèves, de membres d’associations, s’est réuni tous les mois pendant un an.
Ensuite, nous avons réalisé des travaux, aménagé l’espace Forticl@sse dans deux anciennes salles de classes et un couloir, et finalement ouvert le lieu aux élèves et à leurs professeurs en janvier 2019.
L’une des ambitions de l’initiative FCL dans laquelle s’inscrit Forticl@asse est de mener des pédagogies actives afin d’atteindre les compétences du XXIème siècle. De quelles compétences s’agit-il ?
L. L. : Ce sont des compétences transversales, que des organismes comme l’OCDE ont identifié comme étant nécessaires aux travailleurs et citoyens de demain dans un contexte où les métiers et l’exercice de la démocratie auront beaucoup évolué.
La coopération est notamment essentielle. On parle de savoir travailler ensemble, de savoir aider et d’accepter d’être aidé.
Parler de compétence du XXIe siècle, c’est aussi favoriser la communication, la créativité, développer l’esprit critique ou encore la culture numérique. Et avec la Forticl@sse, nous avons l’ambition de travailler sur l’autorégulation, la construction des connaissances et la confrontation à la vie réelle.
En quoi l’acquisition de ces compétences est-elle favorisée par des évolutions pédagogiques et des aménagements d’espace ?
L. L. : La recherche a démontré que les pédagogies dites actives favorisaient l’apprentissage de ces compétences. Qu’on parle de pédagogie de projet, de pédagogie d’investigation, de pédagogie de résolution des problèmes ou de pédagogies coopératives, on s’appuie sur le fait que les enfants sont acteurs de leurs apprentissages. Avec ses pédagogies, il faut aller chercher des outils, aller vers l’autre, et donc bouger. Les espaces doivent être adaptés.
Au sein de l’espace Forticl@sse, le groupe de réflexion a justement défini 8 zones inspirées du programme FCL : enquêter/rechercher, concevoir, créer, mutualiser, présenter/interagir, développer, s’isoler et se détendre. Chaque zone met les outils et le mobilier adéquats à disposition des élèves.
Pour quels mobilier et équipements spécifiques avez-vous opté ?
L. L. : C’était important de proposer plusieurs types d’assises pour que les élèves choisissent celle qui leur permet d’être au mieux pour un travail donné. Nous avons donc des grands ballons, des tabourets stables et mobiles, des tabourets hauts ajustables, des chaises roulantes, des grands coussins ou encore des éléments de gymnastique un peu plus durs.
Ensuite, il nous fallait des tables qui puissent être déplacées très facilement par les élèves eux-mêmes. Nous avons donc opté pour des tables rectangulaires très légères dotées de deux roues. Pour les séparations entre les zones, nous avons installé des étagères ouvertes des deux côtés avec des bacs qui glissent, afin que le matériel puisse être pris d’un côté ou de l’autre facilement.
Côté équipement numérique, nous avons un vidéoprojecteur interactif, des tablettes, une webcam et des ordinateurs.
Quelle est la place des élèves dans ce projet ?
L. L. : Ils ont un rôle essentiel. Dès la conception, j’ai mené avec mes 26 élèves de CM1/CM2 la même réflexion que celle que nous menions au sein du groupe de partenaires. Cela permettait d’avoir un échantillon d’élèves représentatif et avec suffisamment d’expérience de l’école pour avoir une opinion et argumenter. Ce sont eux qui ont eu le dernier mot à chaque fois, qu’il s’agisse des compétences à acquérir, des pédagogies actives à développer ou de l’organisation et de l’aménagement des zones.
Aujourd’hui tous les élèves restent impliqués. Ce sont les forces vives de notre laboratoire pédagogique. Nous sommes seulement des observateurs. Nous voulons qu’ils puissent verbaliser leur ressenti, dire ce qui fonctionne et ne fonctionne pas selon eux, ce qu’il faut améliorer et comment. Chaque vendredi, nous organisons notamment un conseil de coopération au cours duquel les élèves font leurs retours et propositions d’amélioration.
Quels conseils donneriez-vous à d’autres établissements pour suivre cet exemple de projet ?
L. L. : Il est important d’investir collègues, parents d’élèves, élus et élèves dans la dynamique le plus tôt possible. Par ailleurs, il semble pertinent de commencer par penser à la pédagogie que l’on veut mettre en œuvre puis, petit à petit, de réfléchir à l’aménagement qui va en faciliter la pratique.
Ensuite, il faut toujours réfléchir à l’adaptation nécessaire pour que cela convienne à votre répartition de l’espace, à vos élèves, à votre contexte global d’apprentissage. Le réseau constitué par Futur Classroom Lab et ses ambassadeurs peut être un bon point d’appui, pour exprimer ses doutes, obtenir des conseils.
Évidemment, il faut être conscient que cela peut prendre du temps, mais on s’aperçoit qu’il y a toujours une solution. Il ne faut pas avoir peur de tester, de réessayer et de s’adapter. Sans oublier, encore une fois, qu’être à l’écoute des élèves sera très bénéfique au projet !
>> Lire aussi : Fablab : 5 astuces pour un aménagement réussi.
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