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Une cour de récréation inondable à l’école de Montfermeil : un projet écoresponsable

7 septembre 2022

Connaissez-vous le concept de cour de récréation inondable ? C’est celui qu’a adopté l’école maternelle Jules Ferry, à Montfermeil (93), dans le cadre de sa reconstruction. Il fait partie des différents aspects écoresponsables de l’ensemble du projet. Emilie Forget est Architecte à la Direction du Patrimoine Bâti de la mairie de Montfermeil. Elle revient sur les enjeux et objectifs de cette nouvelle école qui devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2023.

Le projet de l’école maternelle Jules Ferry de Montfermeil en Seine-Saint-Denis a été lancé en 2018.

Objectif : construire une nouvelle école en repartant de zéro, après avoir détruit les anciens bâtiments vieillissants. Le projet s’inscrit dans le cadre de la démarche « Bâtiment Durable Francilien », qui s’adresse aux « maîtres d'ouvrage souhaitant construire ou réhabiliter durable », peut-on lire sur le site du programme PACTE, Programme d’action pour la qualité de la construction et la transition énergétique.

 

Un projet d’école écoresponsable

La démarche BDF implique de prendre en considération de plusieurs facteurs, comme la gestion de l’eau et les enjeux sociétaux d’une manière générale. Elle consiste ainsi à évaluer et accompagner des opérations de bâtiments, au moment de la conception, mais aussi sur le chantier, puis deux ans après la livraison.

Cette possibilité de suivi deux ans après la fin du projet a beaucoup compté dans le choix de la collectivité d’inscrire le projet de l’école Jules Ferry dans la démarche BDF. « Monter le dossier représente davantage de travail. Mais l’accompagnement, et notamment le suivi deux ans après livraison, permettent d'établir des retours d'expérience et de procéder à une analyse qui peut donner lieu, si besoin, à des adaptations. Cela contribue finalement à assurer la durabilité du projet », souligne Emilie Forget, Architecte Responsable de Conception et de Réalisation au sein du service Direction du Patrimoine Bâti à la mairie de Montfermeil. L’accompagnement se déroule à travers des actions transversales : formation continue, visites de site, rencontres interprofessionnelles...

Une première commission des Bâtiments durables franciliens (composée d’architectes, d’ingénieurs etc) a évalué le projet de l’école Jules Ferry dans sa phase de conception, et lui a octroyé la mention « Or », nous indique la presse locale.

 

Une cour de récréation inondable

L’école maternelle comportera 13 classes et sera accompagnée d'un centre de loisirs, le tout sur une surface de 2 450 m².  La démarche environnementale et durable de sa construction s’illustre par plusieurs particularités, parmi lesquelles la gestion de l’eau autour de l’établissement. Cette gestion de l’eau implique fortement l’aménagement de la cour de récréation.

 « L’architecte a proposé une gestion de l’eau à ciel ouvert, avec une cour dite ‘inondable’ », raconte Madame Forget. Elle explique : « La cour de récréation est en creux. Quand il pleut, cela forme une sorte de bassin au milieu de l’espace. En cas de fortes précipitations, on laisse le bassin déborder : le niveau dans la cour peut monter jusqu’à 40 cm. Grâce au revêtement de la cour perméable, il faut compter environ 36 heures pour que la totalité de l’eau s’infiltre dans le sol et rejoigne les nappes phréatiques. Notre objectif est de récupérer ainsi 100% des eaux pluviales, et d’éviter qu’elles n’aillent engorger le réseau d’évacuation de Seine-Saint-Denis ».

Pendant ces 36 heures, les enfants n’auront donc plus accès à la cour. Mais cette limitation sera compensée par la présence d’un second espace extérieur qu’ils pourront investir en attendant.

Quand la cour ne sera pas inondée, les enfants profiteront de l’espace normalement. Le revêtement perméable évoqué par Emilie Forget ressemble à celui utilisé dans les aires de jeux : il en présente la même « élasticité », il n’est pas glissant ni boueux après la pluie. Au niveau du bassin de rétention à ciel ouvert, l’école a également prévu d’installer un jeu fixe et un arbre, autour desquels les enfants pourront jouer quand les lieux seront secs. Au fond de la cour, des aménagements paysagers sont prévus.

Dans le sol, des chemins d’eau ont été tracés : ils acheminent, jusque dans le bassin central, l’eau de pluie collectée dans des cuves installées en pied de façades, sous les gouttières.

On connaît peu le concept de cour de récréation inondable, mais il ne s’agit pourtant pas d’une innovation. « Cela implique d’accepter d’avoir une cour de récréation qui, de temps à autre, est inutilisable. Cela peut rebuter certaines collectivités. Mais nous pensons que ça en vaut vraiment la peine », souligne Emilie Forget. « C’est un aménagement qui permet d’assurer une bonne gestion de l’eau, dans le cadre d’un bâtiment durable, bien implanté dans son écosystème ».

Le bâtiment de l’école maternelle de Montfermeil présente d’autres aspects écoresponsables, comme le choix des matériaux utilisés pour sa construction : en effet, outre un socle en béton d’un mètre, l’école est bâtie en bois (pour la charpente), en paille et en terre.

 

De la paille, du bois et de la terre pour une école durable

La terre est notamment utilisée à l’intérieur du bâtiment pour sa grande capacité de régulation de l’hygrothermie (température et humidité de l’intérieur d’une pièce). Le cloisonnement des espaces est ainsi réalisé avec des briques de terre crue ou des panneaux préfabriqués. Une partie de cette terre provient des déblais des chantiers du Grand Paris, dans le cadre du projet Cycle Terre.

La paille, pour sa part, participe de l’isolation thermique de l’établissement scolaire. À termes, l’école ne devrait mobiliser ni chauffage ni climatisation (ce qui est particulièrement intéressant aujourd’hui, au regard des fluctuations des coûts de l’énergie). De plus, une installation photovoltaïque est prévue sur le toit, sur 450 m2 : elle produira l’électricité nécessaire au fonctionnement de l’école, d’une partie du centre de loisirs et des bornes de recharge de vélos électriques qui seront situées à proximité.

« L’utilisation de la terre crue et la paille correspondent à des méthodes de construction qui ont fait leurs preuves mais qui avaient été délaissées jusqu’à récemment », précise Emilie Forget.

Une construction mêlant ancien et moderne, matériaux traditionnels et technologies de pointe comme les panneaux photovoltaïques : c’est peut-être ça, la solution pour des bâtiments durables. Rendez-vous à la rentrée 2023, pour voir comment les enfants et les équipes éducatives auront adopté leur école écologique.

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