Interview de Laetitia : comment faire classe dehors ?

Laetitia, maitresse depuis 1999 (@semerlaetitgraines sur Instagram), amoureuse de la nature, a toujours intégré les espaces extérieurs dans son enseignement. Depuis quelques années, elle fait classe dehors pour ses élèves de petite, moyenne et grande section. Elle nous explique à quoi cela ressemble et comment cela s’organise.

Comment avez-vous commencé à faire classe dehors ?

La nature a toujours fait partie intégrante de mon enseignement, que ce soit pour faire des jeux de société, jardiner, observer la nature, organiser des activités sportives… Avec la crise sanitaire, le besoin de plein air pour les enfants comme pour les adultes m’a semblé une évidence ! 

Je me suis donc formée grâce à l’Association Générale des Enseignants (AGEEM), le Réseau Canopé, les Rencontres internationales de la classe dehors, mes lectures personnelles… Et c’est ainsi que l’école du dehors a vu le jour chez nous !

Quels sont les avantages pédagogiques de cette pratique ?

La pratique de la classe dehors requiert un lâcher-prise de la part de l’enseignant. L’adulte s’efface pour laisser les enfants découvrir, expérimenter, manipuler, s’émerveiller… Les élèves gagnent en liberté de mouvement et d’expression.

À mon sens, toutes les matières peuvent être abordées en classe dehors. C'est à l'enseignant de savoir comment rebondir, sur quoi, quand et où. J’aime approfondir leurs découvertes, chercher avec mes élèves comment répondre à leurs questionnements. Comme nous partons de leur besoin, la motivation est forcément de la partie, les apprentissages ont du sens ! On peut aussi revenir ou approfondir ce qu’on a vu en classe. Par exemple, nous avons récemment improvisé une pièce de théâtre inspirée de l’histoire de « Boucle d’Or » dont nous avions étudié le texte un peu plus tôt.

Quels espaces avez-vous investis pour faire classe dehors ? 

Le plus souvent, nous allons au parc du village. Celui-ci est vaste mais il se situe à plus de 20 minutes à pied, avec une belle côte sur le retour ! Là-bas, les enfants peuvent courir, grimper aux arbres, escalader une bute, découvrir différents arbres, observer les gendarmes… Par contre, il nous faut au moins un parent pour nous accompagner puisque nous sortons de l'enceinte scolaire.

Nous profitons également du jardinet de l’école où nous pouvons faire des plantations, nous mettre à l’abri si le mauvais temps est de la partie. Nous y avons installé une table d’activités (eau, sable, glaçons...) mais aussi des bancs, des zones de culture ainsi qu’un espace de regroupement avec des billots de bois. Ces derniers sont utilisés pour les jeux libres comme des feux de camp, des voyages en bateaux, des scènes de théâtre, des tambours… 

Utilisez-vous des équipements et/ou des ressources spécifiques ?

En extérieur, nous utilisons différents types d’équipements : 
-    Une bâche pour se regrouper ;
-    Des loupes et des boîtes d'observation pour observer la nature ;
-    Des cartonnettes à pinces et des crayons pour garder une trace de leurs découvertes ;
-    Des assiettes, des bols et autres contenants pour trier, classer, dénombrer leurs trouvailles ;
-    Des documentaires, des albums, des clés de détermination pour aider les enfants à mieux comprendre leur environnement ;
-    Une brouette et des outils de jardinage pour creuser la terre et réaliser des plantations.

En classe, nous nous appuyons également sur des ressources qui viennent compléter leurs apprentissages en extérieur. Je pense notamment à notre cahier de l'école du dehors, qui contient des illustrations de ce qu'ils ont aimé et des essais d'écriture. Nous avons également des affiches qui font écho à leurs questionnements, un tourniquet des mots avec le lexique essentiel, et bien sûr un meuble à tiroirs pour les trésors collectés.

D’un point de vue logistique, nous disposons d’un chariot et de cabas pour emporter le matériel. De leur côté, les enfants ont toujours leur propre sac à dos avec une gourde et un paquet de mouchoir. 

Quels retours avez-vous reçu sur la classe dehors ?

Les élèves adorent l’école du dehors. Si certains parents étaient frileux au départ, ils se rendent vite compte des bienfaits sur le plan sensoriel et moteur, qui vont au-delà des enseignements scolaires. En parallèle, d’autres parents nous demandent d’emmener les petits frères et les petites sœurs pour qu'ils bénéficient eux aussi de l'école du dehors, et ça fait au chaud au cœur. 

Quels conseils donneriez-vous à vos pairs qui souhaitent se lancer ?

Je recommande d’avancer progressivement, en commençant par la cour d’école, un jour de beau temps, dans un cadre défini. Il existe d’ailleurs de nombreuses ressources pour accompagner les enseignants sur ce sujet, avec des séances clés en main par exemple. 

Puis, au fur et à mesure, l'enseignant peut élargir le périmètre, se mettre à l’écoute des enfants et dérouler une séance à partir de leurs besoins, de leurs envies et de leurs projets... L’important, c’est de commencer et d’oser !