[SAGA] : Episode#2 - Point de départ du projet de l'école de la Commanderie
Résumé du premier épisode : Pour l’Ecole de la Commanderie à Elancourt (78), l’histoire commence par un rendez-vous manqué : l’établissement ne prend pas le départ du concours lancé à l’initiative de « Bouge ta Cl@sse ». Alors que sa Directrice le regrette amèrement, une seconde chance se présente très vite au travers du CDCLab de la Caisse des Dépôts. Et cette fois, pas question de laisser passer l’occasion ! L’Education Nationale, (la Circonscription et la DANE), la Mairie d’Elancourt et 2 enseignantes de l’Ecole de la Commanderie reconstituent l’équipe qui va concourir. Mais finalement le projet n’est pas retenu par la CDC… qu’à cela ne tienne : il y a les personnes et la volonté de faire : on poursuit l’aventure.
Pour ce 2ème épisode, revenons sur le point de départ du projet : dans les locaux, mais aussi dans les esprits, grâce aux contributions croisées de Mme Sellin (Directrice de l’école) et Mme Dorée, (Directrice du Numérique à la Mairie d’Elancourt), Mme Lamer et Mme Mandras (DANE et Circonscription de l’Education Nationale).
L’Ecole de la Commanderie au départ…
Un mobilier un peu ancien
Il y a 10 ans, l’Ecole de la Commanderie avait bénéficié d’un renouvellement de matériel de la part de la Mairie d’Elancourt. La Directrice de l’époque – toujours en poste - avait choisi d’investir dans des étagères et des bibliothèques, et donc de garder les autres meubles des 4 classes de l’école telles quelles. » Différentes générations de meubles s’y côtoyaient. Pascale Sellin évoque « Nous avons pris à droite et à gauche des tables et des chaises pour avoir quelque chose de correct ». Laurence Dorée se souvient : « je revois ces tables et ces chaises attachées du milieu du siècle… »
L’arrivée du Numérique
Si certains mobiliers pouvaient sembler un peu datés, le numérique avait déjà fait son entrée à l’Ecole de la Commanderie dotée d’un ENT (Espace Numérique de Travail) et de tablettes pour chaque élève.
Mais qui dit « numérique » dit aussi nouvelles formes de travail : travaux de groupe et recherches en solitaire, prise d’autonomie, enseignement différencié, multiplicité des sources d’information… des formes d’enseignement difficilement envisageables avec les matériels et l’organisation traditionnelle des classes du XXè siècle. « Un élève avec une tablette sur un pouf, tout seul, aujourd’hui cela a du sens mais c'était bien entendu inconcevable il y a quelques dizaines d'années », précise Laurence Dorée.
« La mairie d'Élancourt gère 2500 tablettes ; 100 % des élèves des écoles primaires sont équipés ! Il y a autant de tableaux numériques que de classes… Je suppose que ce n'est pas le cas partout ! Nous sommes un vrai laboratoire nous avons des enseignants prêts à se remettre en question et parfois même se mettre en danger au départ. (…) Il n'y aurait pas eu de projet sans notre Maire, Jean-Michel Fourgous : une personne qui a très envie de faire évoluer l'école, qui, en raison de son histoire personnelle, est extrêmement sensibilisé au numérique ainsi qu'à la réussite des élèves. » - Laurence Dorée, Directrice Numérique à la Mairie d’Elancourt
L’arrivée du numérique dans les classes a induit un important changement côté enseignant comme côté élève … mais aussi dans la manière d’investir les espaces éducatifs. « Il faut que l'enseignant s'approprie tout d'abord les nouvelles pédagogies et les nouveaux outils. On se rend compte alors que l'espace aussi doit bouger. Le numérique a changé la place de l'enseignant, les méthodes et l'accompagnement des enfants (…). C'est un non-sens que d'intégrer le numérique dans un fonctionnement d'enseignement frontal » résume Laurence Dorée.
Un besoin profond d’enseigner autrement
Pascale Sellin se souvient : « nous nous posions déjà des questions sur l'enseignement frontal qui nous semblait être à bout de souffle. Je pratiquais la classe inversée depuis 2 ou 3 ans sur certaines disciplines… le tout avec le mobilier existant (…). Ma collègue avait commencé à alterner les postures en déplaçant les bahuts pour permettre aux élèves d'écrire debout ; elle avait aussi positionné des canapés. Dans mon cas cela n'a pas été possible car j'avais vraiment trop d'élèves (33) pour l’espace de ma classe. »
Une équipe volontaire et volontariste
L’étincelle de « Bouge ta Cl@sse »
La Mairie a la compétence de doter les classes en mobilier. « Bouge ta Cl@sse » a ouvert la voie de la concertation entre la collectivité et l'Education nationale. « C'est la Circonscription qui nous a impliqués dans « Bouge ta cl@sse », la Mairie a porté administrativement ce projet de la Caisse des Dépôts au travers d'un groupe de pilotage constitué de la DANE, la Circonscription, Manutan Collectivités et la ville »
Un fonctionnement rôdé pour l’équipe
Laurence DOREE précise : « Nous travaillons tous ensemble depuis très longtemps et nous n’aurions jamais réussi chacun de notre côté ! Nous sommes bien dans une logique d'équipe où chacun reste dans son domaine de compétence et respecte le rôle de l’autre. »
A l’Ecole de la Commanderie, projet ou pas, la vie scolaire continue ! Avec 33 élèves dans sa classe, la Directrice a pleinement apprécié l’accompagnement de l’Education Nationale (DANE et Circonscription). « Elles sont venues dans la classe ; elles ont une connaissance importante des équipements, de toutes les possibilités d’organisation. Elles savent ce qui se fait en termes de mobilier, moi pas je n'avais pas le temps de regarder d'autant plus que j'assure également la direction de l'école ! Elles m'ont utilement conseillée pour répondre à mes souhaits en termes de pratiques pédagogiques. »
« Attention il est très important d'équiper mais il faut d'abord changer les choses dans la manière de travailler. »
Patricia Mandras et Anne Lamer se souviennent : « nous avons posé de nombreuses questions à l'enseignante : comment elle pratique exactement, quelle est sa pédagogie, quels sont ses besoins quels étaient les usages qu'elle faisait des différents éléments de l'aménagement… »
La Mairie a veillé au respect de certains critères : « attention il fallait que cette classe puisse être répliquée : cela implique de ne pas avoir une accumulation d'objets trop chers ! Mon rôle a aussi consisté à positionner le curseur dans ce sens ! Et puis, il y a également un deuxième aspect dans le rôle de la Mairie : s'assurer de la pérennité du mobilier tant sur le front de l'hygiène que de l’entretien ».
Des espaces éducatifs peu adaptés à des pratiques pédagogiques innovantes
Au démarrage du projet, les classes étaient donc meublées de manière traditionnelle : une table et une chaise par élève, le bureau de l’enseignante, puis les bahuts et armoires…
La distribution des lieux était elle aussi traditionnelle, avec un escalier pour accéder à un couloir qui donne accès aux différentes pièces, à commencer par la salle informatique, puis la classe de Pascale Sellin, et les 4 autres classes. A l’arrivée des tablettes dans l’établissement, la salle informatique avait déjà perdu sa vocation initiale : « à côté de ma classe se trouvait l'ancienne salle informatique, elle comprenait 10 postes, puis à un moment donné, elle a été remplacée par une classe mobile. J’ai ensuite commencé à l’investir pour mes travaux de groupe puisqu’elle offrait de grandes tables. Dans le cadre du projet, elle est d'ailleurs devenue ma classe. » explique Pascale Sellin. Ainsi, était créée une salle collaborative à la disposition de toute l’école, en position centrale entre les classes. Enfin, « nous avons positionné 2 ou 3 tables dans le couloir et investi une ancienne salle de classe qui n'était plus utilisée (…) nous avons mis les tables en îlots et mis à disposition des tables individuelles pour que ceux qui le souhaitent puisse travailler seuls. »
« Le principal bénéfice dont je rêvais dans ce projet était de pouvoir réaménager l’espace pour travailler en groupe » P. Sellin
Tous les choix de départ du projet ont été très mûrement réfléchis, se souvient Laurence Dorée : « j'ai été impressionnée par le niveau de réflexion pédagogique de Mesdames Mandras, Sellin et Lamer : elles poussent très loin la réflexion, c'est un cadre pour faire progresser les méthodes… ainsi que par la capacité de Bertrand Chavanel (Manutan Collectivités) de traduire en objets des besoins exprimés dans un langage pédagogique. »
Une conclusion commune
Toutes les parties prenantes au projet s’accordent sur un point : la réorganisation des espaces éducatifs, l’acquisition de nouveaux matériels, l’intégration du numérique n’ont de sens que dans le cadre d’une évolution profonde des pratiques pédagogiques. De fait, la manière d’équiper les établissements scolaires évolue elle aussi. La présence du mobilier doit apporter du sens pédagogique, offrir une solution à un besoin particulier.
Le prochain article sera consacré au « passage à l’action » dans le projet : premiers temps, premières transformations et déjà des retours d’expérience… Là aussi, nous croiserons les récits des membres de l’équipe.
Commentaires ({{totalComments}})
Laissez un commentaire