Etude de Salford : l’aménagement flexible de la classe comme facteur de réussite
Des chercheurs britanniques de l’Université de Salford ont observé 153 classes de 27 écoles primaires, des villages les plus reculés aux quartiers les plus urbains, pour mesurer l’impact de l’environnement de travail sur la réussite scolaire des élèves. L’aménagement de l’espace et sa flexibilité jouent un rôle central !
Etude de Salford : l’impact de l’environnement de travail sur l’apprentissage
L’étude a concerné 153 classes de Grande-Bretagne, soit 3766 enfants de 5 à 11 ans. Elle fait suite à de premiers travaux de recherche publiés en 2012 sur l’impact du design des classes sur l’apprentissage.
Une analyse globale de l’environnement de travail
Les chercheurs britanniques ont observé trois aspects de l’environnement d’apprentissage :
- la dimension naturelle : lumière, température, qualité de l’air, acoustique
- la stimulation : couleurs de la salle de classe, complexité visuelle (diversité de la décoration, taille des fenêtres et vue sur l’extérieur)
- les facteurs individuels : flexibilité de l’aménagement de l’espace, éléments permettant l’appropriation de la classe par les élèves.
Selon les travaux de recherche, l’optimisation de ces caractéristiques augmente de 16% les performances des élèves en lecture, écriture et mathématiques.
La flexibilité : 17% des paramètres améliorant les performances scolaires
D’après les résultats de l’étude, la flexibilité de l’espace de la classe apparaît comme tout aussi essentielle que la luminosité, la qualité de l’air ou la température dans la classe. Elle représente 17% des facteurs ayant un impact positif sur la réussite scolaire des élèves : 21% pour la lumière, 16% pour la qualité de l’air, 12% pour la température, 12% pour la complexité visuelle, 12% pour l’appropriation de la classe par les élèves, 11% pour le choix des couleurs.
Comment expliquer cette importance de la flexibilité ? Plus il est simple pour le professeur de modifier la configuration de sa salle grâce à du mobilier adapté (panneaux amovibles, chaises légères ou sur roulettes), plus il est simple pour lui d’adapter ses méthodes d’enseignement aux besoins des élèves. Avec la classe flexible, il modifie le découpage de l’espace en fonction de ses intentions pédagogiques.
L’efficacité des « learning zones »
L’équipe a mis en évidence l’efficacité du découpage de la classe en différentes zones d’apprentissage permettant plusieurs activités en même temps : aire de lecture, zone de travail autour d’un point d’eau, îlots de 4 ou 6 élèves, espace pour le travail en autonomie, grand tapis pour les activités en classe entière… Les chercheurs ne donnent pas pour autant de préconisations fixes pour l’aménagement de l’espace. En effet, les classes flexibles sont des systèmes complexes et vivants. Leur découpage dépend de nombreux facteurs : superficie de la salle, nombre d’élèves, âge de ces derniers, diversité pédagogique mise en place par l’enseignant, proximité de la bibliothèque ou de la salle informatique…
Un aspect cependant est perçu comme incontournable pour toutes les classes flexibles : les passages permettant le déplacement entre les différents espaces doivent être suffisamment larges pour permettre une circulation fluide des élèves et faciliter leur mouvement.
Design de la classe et mathématiques
Une des conclusions de l’étude a particulièrement surpris les chercheurs : les classes accueillantes et flexibles ont un effet extrêmement positif sur l’apprentissage des mathématiques ! En effet, dans cette matière, 73% des progrès des élèves se sont avérés étroitement liés à la flexibilité et au sentiment d’appropriation de la classe par les apprenants. L’équipe de scientifiques a avancé une hypothèse : les sujets susceptibles de provoquer des anxiétés scolaires sont mieux traités dans des classes confortables et familières aux élèves.
Flexibilité de l’espace et changement de pédagogie
Les conclusions de l’étude sont claires : aménager une classe avec de nouveaux meubles et un joli canapé au milieu de la salle n’améliorera pas en soi la réussite des élèves. Les salles flexibles ont un effet positif lorsqu’elles vont de pair avec un changement de pédagogie. Il faut impulser une utilisation dynamique de l’espace par les enseignants et donc par les élèves. Lorsque c’est le cas, les chercheurs ont observé que ce design repensé, en lien avec un renouvellement des méthodes d’apprentissage, donnait plus de contrôle et de responsabilité aux apprenants, et augmentait ainsi leur engagement dans leur scolarité.
Des salles de classe ouvertes
En analysant la qualité de l’air des espaces d’apprentissage, les chercheurs de l’Université de Salford ont remarqué l’importance de disposer de salles de classe ouvertes. En effet, l’excès de dioxyde de carbone généré par la respiration humaine a un effet direct sur la capacité de réflexion des élèves. Dans une des classes observées, l’équipe a relevé un niveau 6 fois plus élevé que le degré à ne pas dépasser (500 ppm). Si la qualité de l’air est bonne en début de matinée, elle se détériore inexorablement au fil de la journée. Il est donc indispensable de travailler avec les élèves dans une salle aérée. La température et le bruit extérieur ne permettent pas toujours d’ouvrir les fenêtres, alors pourquoi ne pas ouvrir la porte donnant sur le couloir ? Dans une configuration de classe flexible, cela peut d’ailleurs être l’occasion de profiter de ce fameux couloir, espace limitrophe souvent peu exploité et pourtant plein de potentiel !
Et vous, êtes-vous déjà passé à la classe flexible ? Pour quel type d’agencement de salle avez-vous opté ? Selon quelles intentions pédagogiques ? Avez-vous observé les premiers effets sur la réussite des élèves ?
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