Ecole le Blé en herbe : un projet citoyen, éducatif, social et écologique
Au cœur des Côtes-d’Armor en Bretagne, le village de Trébédan, 380 habitants, renaît grâce à son école le Blé en herbe. L’établissement a été totalement repensé et réaménagé pour en faire un lieu innovant, ouvert aux habitants, propre à insuffler une nouvelle dynamique à la commune. C’est la designer Matali Crasset qui a travaillé sur ce projet.
Le Blé en herbe : réaménagement de l’espace pour l’innovation éducative, sociale et écologique
Trébédan se situe à 50 km au nord-ouest de Rennes. Éloigné du littoral et des principaux joyaux du patrimoine historique breton, le village se trouve dans « un désert culturel de l’arrière-pays ». Lancé en 2007, le projet de réaménagement et d’agrandissement de l’école a été l’occasion de renforcer le rôle social et culturel de l’établissement scolaire au sein de la commune.
Réaménagement de l’école : une artiste designer aux manettes
La directrice de l’école le Blé en herbe, Nolwenn Guillou, décide dès son arrivée en 2001 de dynamiser la vie de l’école en créant du lien intergénérationnel et en intégrant la découverte de l’environnement naturel immédiat dans les projets pédagogiques. En 2007, le Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement des Côtes-d’Armor préconise la création d’un groupe de commanditaires (équipe pédagogique, maire, parents d’élèves…) pour porter ce projet ambitieux : replacer l’école au cœur de la vie du village. Un médiateur, Eternal Network, les accompagne dans la définition et la réalisation de leur objectif. Il leur conseille de travailler avec Matali Crasset, artiste designer spécialisée dans les questions de modularité, d’appropriation et de flexibilité.
Un aménagement au service d’une pédagogie active
Avant de concevoir les nouveaux espaces de l’école, composée jusqu’alors d’un bâtiment très vétuste pour les deux classes de primaire et d’un préfabriqué pour la classe de maternelle, Matali Crasset a longuement observé la pédagogie mise en place dans l’établissement, réunissant le meilleur des pratiques Freinet et Montessori. Pour la designer, il s’agit bien de penser l’école et ses nouveaux espaces comme un outil au service de la pédagogie. Son intention en termes d’architecture et d’aménagement : construire un lieu vivant, modulable, évolutif, et ouvert sur le village. Les travaux ont débuté en 2013 et la nouvelle école a ouvert ses portes en 2014.
Des bâtiments passifs pour une ambition écologique
Du point de vue écologique, l’école le Blé en herbe a été repensée pour se positionner à la pointe de l’innovation. Partant du principe que « l’énergie la moins polluante est celle qu’on ne consomme pas », elle a été rénovée selon le modèle des bâtiments passifs. Autrement dit, sa consommation d’énergie est inférieure à 15kWh/m2/an, seuil au-dessous duquel on peut se passer de chauffage conventionnel. Pour cela, l’architecte a réalisé une construction bioclimatique : exposition des principales ouvertures au sud, volumes des salles simples et compacts, utilisation de l’énergie solaire et de la chaleur terrestre. L’isolation a également été renforcée et associée à une ventilation performante avec récupérateur de chaleur à haut rendement. Toute l’école est équipée d’appareils ménagers et d’éclairage à faible consommation d’énergie.
La cohabitation entre lieux d’enseignement et espaces ouverts à la population
C’était un des enjeux fondamentaux de la conception de la nouvelle école : au-delà de l’élaboration d’un outil au service d’une pédagogie active, l’intention était de transformer l’établissement en lieu ouvert au reste de la population. Comme l’écrivaient les parents d’élèves dans leur lettre au sous-préfet en mars 2012 : « les ruraux aussi ont droit à l’art et à l’innovation ».
L’espace intime réservé à l’enseignement
Pour les activités purement scolaires, l’ancien bâtiment existant a été remis aux normes et réaménagé pour accueillir les 2 classes de primaire. Pour les élèves de maternelle, fini le préfabriqué vieux de 30 ans. Un nouveau bâtiment a été construit autour du préau.
Les espaces partagés
De nouveaux aménagements multifonctionnels ont été pensés pour ouvrir l’école à l’ensemble de la population :
- La nouvelle cantine : après le temps scolaire, elle sert d’espace de motricité et de partage pour les activités associatives de la commune.
- La bibliothèque et le cyberespace : ils sont accessibles au public en dehors des horaires d’ouverture de l’école.
- Le nouveau préau : équipé de jeux de glisse (rampes, toboggans), il est ouvert au public hors temps scolaire.
Les extensions de générosité
Les « extensions de générosité » sont des microarchitectures en bois greffées aux espaces partagés. Elles permettent l’ouverture de l’école vers les espaces de la commune. Pour la designer Matali Crasset, elles répondent au souci pédagogique de faire du village une plateforme de développement pour les élèves. Dans le sens où l’école forme des citoyens, elle ne doit pas se replier sur elle-même, mais au contraire créer des passerelles avec l’extérieur. Ces extensions de générosité, pensées comme de l’« art fonctionnel », sont au nombre de 4 :
- La lecture : cette structure multifonctionnelle en forme de sphère se situe au centre du cyberespace. De l’extérieur, on peut y choisir ou y ranger des livres. A l’intérieur, on peut s’isoler pour se plonger dans un roman, un magazine ou une bande dessinée.
- Le cycle : cette microarchitecture sert de garage à vélo pour les élèves et les parents. Elle a la particularité d’être équipée d’un meuble contenant le nécessaire pour entretenir les vélos.
- Le jeu : dans la cour de récréation, cette structure est un aménagement design de cage d’écureuil et de toboggans.
- La rencontre : situé sur la terrasse du réfectoire, ce module fait particulièrement le lien entre l’école et le village. Circulaire, il est conçu pour organiser des réceptions, échanger, s’asseoir, partager un verre.
Ces extensions de générosité dans les structures partagées favorisent le lien social autour de l’école et défendent « le beau pour tous ».
Et pour vous, à quoi ressemblerait l’école idéale ? Existe-t-il des passerelles entre l’école et votre commune ? L’architecture de votre établissement favorise-t-elle une pédagogie active ?
Crédit photographique : © Philippe Piron, L’École Le Blé en herbe, matali crasset, Trébédan (22), 2015, dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires de la Fondation de France. Médiation-production Eternal Network.
Commentaires ({{totalComments}})
Laissez un commentaire