Aménagement des espaces éducatifs
Classe de demain

Témoignages

Collège Louis Braille : aménagement des espaces éducatifs et réussite des élèves

26 mars 2019
Témoignages

Comment favoriser et permettre une pédagogie active au service de la réussite des élèves ? A Esbly en Seine-et-Marne, la question occupe les 90 encadrants – adultes et personnels – du collège Louis Braille depuis de longues années déjà. « J’ai la chance de pouvoir compter sur une équipe impliquée qui porte un regard très positif sur les élèves, avec une volonté affirmée de trouver les moyens de différencier la pédagogie et de diversifier les parcours », commente Boris Chianale, le principal de l’établissement. Il y a 4 ans, la réforme du collège donne une occasion à la communauté éducative de multiplier les enseignements interdisciplinaires, désormais en place sur l’ensemble des niveaux 5ème, 4ème et 3ème, soit 18 classes générales, aux 2 classes Segpa en passant par le dispositif l’unité Ulis des troubles des fonctions cognitives. C’est en échangeant avec un professeur de français que nait l’idée de réfléchir à l’aménagement des espaces éducatifs comme facteur de développement d’une pédagogie active. « En matière d’aménagement, le réflexe consiste souvent à acheter du nouveau matériel pour remplacer l’ancien, sans plus de perspective. Notre réflexion nous a conduit à nous intéresser d’abord aux besoins en termes d’usages et de fonctionnalités, avant de nous préoccuper du reste. »

Réfléchir aux usages avant de penser aux aménagements

Très vite, Boris Chianale parvient à fédérer un groupe de travail d’une douzaine de professeurs et de partenaires extérieurs*. S’ensuit une douzaine de mois de réflexion, entre réunions mensuelles et échanges spontanés via la messagerie Whatsapp, pour aboutir aux premières réalisations. « Nous nous posions beaucoup de questions sur l’environnement que nous proposions aux élèves et le bien-être de chacun. Parallèlement, nous cultivions une véritable envie de changer la pédagogie pour personnaliser, individualiser davantage les parcours. L’analyse des besoins nous a d’abord permis d’identifier les micro-zones à aménager dans chaque espace. Après un travail de modélisation, nous nous sommes intéressés à l’aménagement, dans sa globalité. » Peinture, éclairage, ouvertures, cloisonnement, décoration, mobiliers… tout y passe. Première concrétisation de cette vaste démarche, la salle du dispositif Ulis est complètement repensée et un espace multi sensoriel d’inspiration snoezelen est créé. La vaste salle B208 – autrefois froide et austère - est totalement réimaginée pour démultiplier les usages entre espaces de travail en groupe, coin lecture, fab lab, espace de regroupement, mur d’expression, espaces numériques, tables mobiles et rangements, autour d’un ilot central d’accueil. Les élèves du Conseil de la Vie Collégienne – eux – ont décidé de s’emparer de la future maison des collégiens qu’ils imaginent comme une espace propice à la lecture, au jeu, à la détente, à l’information, à l’échange, au travail, à la méditation, au repos, et à l’écoute de musique. Le CDI, lui aussi, est en passe d’être complètement repensé. « Il va devenir une maison des cultures et des connaissances. Nous allons l’agrandir, multiplier ses fonctionnalités. Nous avons proposé au Conseil Départemental de Seine-et-Marne de l’ouvrir en dehors du temps scolaire », se réjouit Boris Chianale. Sur un territoire semi-rural en plein développement mais dépourvu de médiathèque, l’idée séduit bien au-delà de l’enceinte du collège. Evidemment, l’installation de mobiliers modulables, polyvalents, flexibles et évolutifs apparait ici comme une évidence pour favoriser les différentes formes d’apprentissages - collaboratif, coopératif, résolution de problèmes, interdisciplinaire, par projet, démarche d’investigation – et permettre la prise en compte des différentes postures de travail - dynamique, relaxante ou standardisée. Comme une façon d’ouvrir le champ des possibles.

Aménagements des classes : une appropriation rapide par les élèves

Et ça marche ! Curieux, les élèves se sont appropriés les lieux rapidement. Pour faciliter cette étape, un protocole de découverte a été pensé à l’occasion d’une séance d’une heure. « Réunis autour de l’ilot central de leur classe, les élèves sont invités à découvrir le lieu et à noter sur le mur d’écriture leurs découvertes, les fonctionnalités qu’ils imaginent, l’intérêt qu’ils perçoivent des différents aménagements. Après un temps de synthèse et d’échanges, les différentes micro-zones leur sont présentées et une réflexion autour des usages est menée. » En parallèle, une démarche de design thinking impliquant tous les adultes de l’établissement est en cours. Une formation sur 3 ans a été mise en place pour réfléchir aux aménagements et à la pédagogie. « Nous profitons d’un terrain fertile, reconnait volontiers Boris Chianale. Les encadrants de l’établissements sont tous très motivés et les partenaires du collège prêtent une oreille attentive à notre projet. » Si l’implication des forces vives est une condition sine qua non de la réussite d’une action comme celle-là, il faut aussi amener chacun à « dépasser ses peurs et oser sortir de sa zone de confort », insiste le principal. Certes, la structure même du bâtiment – composée de plusieurs grandes salles – contribue à faciliter la mise en œuvre du projet, et l’engagement des partenaires a permis de boucler son financement. Mais ces arguments ne doivent pas peser dans la balance. « Nous avons aussi réaménagé de petites salles plus classiques. Et il est tout à fait possible de réinventer la pédagogie et l’aménagement des espaces sans recours systématique à de grands travaux et à du mobilier neuf. » Comme une façon de rappeler qu’un tel projet repose d’abord sur la force d’un collectif.

Des effets multiples attendus

Réussite des élèves, développement de l’autonomie, amélioration du climat scolaire, bien-être, confiance, responsabilisation, sentiment d’appartenance, personnalisation de l’enseignement, individualisation des parcours, pédagogie active… le projet du collège Louis Braille porte des ambitions fortes pour les élèves comme pour la communauté éducative qui les accompagne. Et s’il est encore trop tôt pour en mesurer les véritables effets, des indicateurs ont été posés et seront régulièrement analysés. « Nous allons par exemple nous intéresser à l’appropriation par les enseignants de ces nouveaux espaces, au nombre de classes qui utiliseront ses espaces, au bien être des élèves, à leur investissement, aux statistiques d’exclusions et de retards, aux résultats scolaires ou encore à la poursuite scolaire de nos élèves par exemple. » En attendant, le Ministère de l’Education Nationale a choisi de mettre en lumière le projet du collège Louis Braille lors de la 9e journée de l’innovation, dont l’objectif consiste à valoriser la capacité de recherche et d'innovation du système éducatif, le 3 avril 2019, à la Gaîté lyrique à Paris. De quoi inspirer les acteurs de l’éducation !

* Les partenaires du projet :

  • Délégation académique au numérique éducatif (Dane) de Créteil
  • Délégation académique à la formation des personnels de l'éducation nationale (Dafpen) de Créteil
  • Manutan Collectivités
  • Observatoire académique au numérique de l’académie de Créteil
  • Centre académique pour la recherche et le développement en innovation et expérimentation (Cardie) de Créteil
  • Conseil départemental de Seine-et-Marne
  • Inspection académique de Seine-et-Marne
  • Rectorat de Créteil
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Auteur : Bertrand

Responsable Éducation et Numérique

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