La classe dehors : cinq compétences renforcées chez l’enfant
Consacrer un temps de classe régulier hors les murs, sous l’arbre de la cour de récréation, dans le parc qui jouxte l’école ou un jardin partagé… Faire classe dehors est une pratique pédagogique porteuse tout droit venue du Danemark qui s’installe progressivement dans le quotidien des enseignants français.
Depuis deux ans, Stéphanie Leruse pratique la classe dehors auprès de ses élèves en classe de CP et CE1 dans la commune de Virton en Belgique. Également maître de formation pratique en haute école, elle partage et diffuse son expérience auprès de futurs enseignants. Elle revient pour Classe de Demain sur la démarche de la classe en plein air et sur les bénéfices qu’en tirent ses élèves.
La classe dehors : une approche immersive et complémentaire
« Il s’agit simplement de poursuivre son cours de mathématiques, de français ou d’éveil artistique à l’extérieur, hors des murs de la classe », explique Stéphanie Leruse. La classe en plein air consiste en effet à proposer une séquence pédagogique classique, ancrée dans le programme d’apprentissage en prenant appui sur la nature et l’environnement extérieur. « Les activités réalisées en plein air suivent le programme officiel et pourraient être proposées en classe. Mes élèves s’installent sur des rondins de bois disposés en cercle autour d’un tableau. Je leur présente l’activité, les objectifs et les consignes. C’est une véritable classe comme à l’intérieur sauf qu’on est dehors et cela offre bien plus de possibilités ! ».
Pour Stéphanie Leruse cette approche ne se substitue pas à l’apprentissage en classe. Ces deux pratiques pédagogiques ne sont pas à opposer mais plutôt à associer : « Combiner l’enseignement entre les murs avec la classe dehors amène les enfants à faire le lien entre l’école et la vie quotidienne, entre la théorie et l’expérience directe ». La classe dehors se veut être le prolongement d’un cours amorcé en classe, l’enseignant cherche à ancrer les apprentissages au travers d’une expérience concrète et immersive. « Par exemple lorsque je travaille sur les adjectifs, la leçon commence en classe et se poursuit à l’extérieur avec les objets de la nature. Ils vont toucher, sentir et manipuler pour trouver les mots qui les caractérisent. L’idée est de faire vivre les apprentissages », illustre Stéphanie Leruse.
Développer des compétences concrètes
Cette pédagogie en immersion dans la nature permet aux enfants d’acquérir et de développer des compétences sociales, scolaires et environnementales essentielles dans leur construction personnelle et identitaire. Stéphanie Leruse identifie cinq axes clés dans l’acquisition de nouvelles compétences :
#1 Apprendre et mémoriser
Si l’expérience de la classe dehors fixe les apprentissages en sollicitant la mémoire émotionnelle et sensorielle, elle favorise aussi la mobilité, un élément essentiel pour apprendre et mémoriser. « Un être humain a besoin de mouvement pour apprendre, c’est physiologique. Nous l’avons d’ailleurs bien mesuré ces dernières années avec la classe flexible. Nos apprentissages sont intimement liés à nos perceptions et nos mouvements : « nous avons besoin de sentir et de bouger pour apprendre », souligne l’institutrice.
#2 S’adapter, coopérer et communiquer
Les activités proposées à l’extérieur impliquent souvent une collaboration en groupe pour réaliser une tâche ou un travail de recherche. « Ils vivent et partagent des instants d’apprentissage qui leur permettent de tisser des liens entre eux et de communiquer autrement », précise l’enseignante.
De façon transversale, ils apprennent à partager leurs idées, faire preuve d’écoute et développer le sens de l’entraide. Les enfants doivent s’adapter à l’environnement extérieur, à la météo ainsi qu’à un cadre d’apprentissage inhabituel tout en travaillant en équipe. Résultat : ils gagnent en souplesse et développent leur adaptabilité.
#3 Être autonome
Une fois les consignes données par l’enseignant, les petits groupes d’élèves s’élancent sur leurs terrains d’exploration. C’est l’occasion de réaliser une tâche sans surveillance constante, de prendre des initiatives ou d’être débrouillard. Selon Stéphanie Leruse, ces temps dédiés à la classe dehors sont précieux car ils redéfinissent les rôles des élèves : « Les enfants sont acteurs, ils s’auto-organisent et se chargent du matériel. Il y a davantage de liberté, ils sont moins étriqués que dans une salle de classe ce qui favorise leur épanouissement et leur autonomie ».
#4 Libérer sa créativité
La classe dehors, lorsqu’elle est réalisée dans un environnement naturel, est un lieu idéal pour les ateliers artistiques : peindre et créer avec des feuilles, des fleurs, de l’écorce, des cailloux, des brindilles… tout est possible ! « Cela ouvre le champ d’exploration des enfants : on ne se limite pas à un pinceau et une feuille blanche », précise Stéphanie Leruse. Le caractère immersif de l’expérience dans la nature où les enfants ressentent, observent, touchent et expérimentent est un terrain fertile à l’expression de leur imagination et de leur créativité.
#5 Savoir respecter et protéger la nature
« L’enfant s’étant émerveillé devant la nature sera naturellement enclin à la préserver une fois adulte », souligne Stéphanie Leruse. Par ailleurs être au contact avec la nature a un impact fort sur l’équilibre émotionnel. Être dehors réduit le stress et procure un apaisement. Pour l’institutrice, pas de doute, faire cours en plein air génère un bien-être chez ses élèves et renforce les liens naturels des élèves avec la nature.
Une expérience précieuse pour ces citoyens en herbe !
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