Méthode Montessori : Dans sa classe, les collégiens sont acteurs de leurs apprentissages (et cela change tout)
Professeure de mathématiques dans un collège rural, en Seine-Maritime, à Aumale, Melody Durand a adopté la pédagogie Montessori et aménagé sa classe en mode flexible depuis la rentrée 2018. Rencontre avec une enseignante engagée contre l’échec scolaire.
Pouvez-vous nous parler de votre établissement et de vos élèves ?
M.D : C’est un petit collège public situé dans une commune rurale. J’y enseigne de la 6e à la 4e. Les élèves ont des profils variés et ont parfois connu des parcours un peu chaotiques. Depuis la rentrée 2018, j’ai ma salle attitrée ce qui m’a permis d’aménager la classe dans l’état d’esprit de la pédagogie Montessori. Je voulais créer un fonctionnement communautaire, et faire que chaque élève se sente libre de s’installer et de se déplacer comme il le souhaite.
Comment avez-vous aménagé votre classe ? Quels matériels avez-vous apportés ?
M.D : J’ai créé des îlots de quatre élèves et un îlot de six. Après quelques essais, je me suis rendue compte que certains préféraient être seuls ou à deux. J'ai donc supprimé des îlots pour avoir un certain nombre de tables pour 2 élèves maximum. On trouve aussi deux tables individuelles hautes pour travailler debout. Pour compléter, une table haute offre un espace pour deux à trois élèves avec des tabourets adaptés. Certains élèves travaillent au sol. Ils ont à leur disposition des coussins classiques et des coussins d'équilibre qu'ils peuvent utiliser au sol ou sur leur chaise ou tabouret. A eux de choisir ! Quand les élèves entrent dans la classe, ils peuvent s’installer où et comme bon leur semble. Je les invite seulement à ne pas se mettre au sol lorsqu’il y a des tracés géométriques à réaliser.
L’objectif est qu’ils se sentent à l’aise pour bien apprendre. Tous n’ont pas les mêmes besoins. La dynamique de la classe joue aussi considérablement. J’ai par exemple une classe de 6e qui a quasiment renoncé aux îlots car ils n’arrivaient pas à contrôler leurs bavardages. Ils modifient donc le positionnement des tables. Le changement est venu d’eux et la physionomie de la classe s’est adaptée à leurs besoins.
Comment avez-vous aménagé vos cours et exercices de mathématique en mode Montessori ?
M.D : La pédagogie Montessori est une approche humaine couplée à du matériel adapté. L’idée est donc de faire manipuler aux élèves un matériel qui permette de travailler en totale autonomie. Ils font les exercices seuls, je suis seulement là pour les accompagner. Ils se corrigent seuls également grâce à des solutions disposées sur les tables. Cela pourrait tenter certains vers la faciliter et la triche, mais par expérience j’ai au contraire constaté que les élèves apprécient cette confiance.
Je confectionne moi-même de nombreux supports pour qu’ils puissent manipuler du matériel pendant les cours, cela facilite l’assimilation des notions. Cela représente beaucoup de temps personnel à côté des cours mais les résultats sont là !
Comment vos méthodes sont-elles perçues par les élèves ?
M.D : L’an dernier, en fin d’année, j’ai proposé un questionnaire anonyme et interactif à tous mes élèves afin d’avoir leurs retours sur ma posture, les exercices, les ateliers et le matériel mis à disposition… Le résultat est très positif : ils se sentent écoutés et compris. Et les ateliers de manipulation les aident à comprendre et même à aimer les maths !
Les notes ou les capacités des élèves se sont-elles améliorées ?
M.D : Notre établissement est récemment passé à l’évaluation par compétence. Il est donc compliqué de faire un parallèle avec les années précédentes lorsque mes collègues et moi donnions des notes. Malgré tout, le fait de fonctionner avec un plan de travail, en autonomie, permet aux élèves d’avancer à leur rythme et, quand ils ont fini, de faire des activités supplémentaires. Pour les élèves plus en difficultés, j’ai le sentiment qu’ils se raccrochent plus facilement au wagon. J’ai non seulement plus de temps individuel à leur accorder mais en plus les ateliers de manipulation leur permettent de comprendre des notions qui jusqu’ici leur échappaient et les handicapaient. Après, évidemment, quand des lacunes ont été accumulées depuis de nombreuses années, des difficultés peuvent persister. Mais j’invite plutôt à voir les gains en termes de bien-être et de confiance en soi. Pour moi, l’essentiel est que l’élève apprécie de venir apprendre de nouvelles notions un peu plus chaque jour.
Le blog de Mélody Durand est à découvrir ici.
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