Intégrer la classe flexible au collège : le témoignage de Laura, professeure de français (Episode 6)
Nous sommes allés à la rencontre de Laura (@uneprofaupaysduflexible), enseignante en lettres modernes dans un collège de Normandie. Elle expérimente une pédagogie innovante : la classe flexible. Avec 12 ans d’expérience, elle nous partage ses débuts, ses motivations et les changements concrets que cette méthode a apporté, non seulement à sa pratique mais aussi au bien-être de ses élèves.
Comment adopter la classe flexible ?
Au début de sa carrière, Laura a suivi des méthodes plus classiques, centrées sur une discipline traditionnelle et un cadre fixe. Pourtant, elle constate rapidement que certains élèves étaient en souffrance dans ce système, n'adhérant ni au format ni aux attentes d’une journée scolaire passée presque exclusivement sur une chaise. C’est cette réalité qui l’a amenée à explorer des moyens de rendre ses cours plus adaptés aux besoins individuels des élèves.
"Je voulais vraiment aider les élèves qui avaient du mal à rester assis toute la journée" confie-t-elle. Elle commence donc par intégrer de petites adaptations : davantage de possibilités de mouvement et d’autonomie dans ses cours. Cette phase initiale la mène ensuite vers des recherches en ligne où elle découvre les concepts de la classe flexible. Curieusement, elle réalise qu’elle appliquait déjà certaines pratiques sans le savoir ! Cette découverte est suivie d’une recherche de matériel favorisant le confort des élèves : ballons d’assise, galettes de chaise, etc.
Organisation de la classe : un environnement modulaire et accueillant
Aujourd’hui, cette classe flexible repose sur une variété de mobiliers et d’espaces conçus pour le bien-être des élèves. La disposition inclut des ballons, des tabourets, des galettes de chaises et un vélo-bureau pour ceux qui préfèrent bouger tout en travaillant. Des casques antibruit permettent à ceux qui en ont besoin de se concentrer intensément. Un mur effaçable est également utilisé pour des activités et elle note avec amusement que "les élèves adorent s’exercer directement dessus pour la conjugaison.".
L’adaptation s'est faite progressivement, avec l’aide de financements et de collectes participatives. Le collège a également contribué, allouant un budget pour l’achat de matériel destiné aux élèves ayant des besoins particuliers. En avril, elle reçoit même un financement NEFLE (Notre école faisons-là ensemble) pour du matériel supplémentaire après un an de démarches administratives. La patience et la persévérance ont été payantes.
Comment les élèves réagissent face à la classe flexible ?
La classe flexible apporte aux élèves une autonomie inhabituelle. Pour certains, l’adaptation est rapide, surtout pour les plus jeunes qui adoptent avec naturel les nouveaux équipements. D’autres, plus timides, doivent prendre le temps d’apprivoiser ces nouvelles possibilités. Cette enseignante souligne aussi l’importance de maintenir un équilibre : "Il faut gérer l’autonomie, mais c’est une liberté cadrée" dit-elle. Elle veille à ce que chacun respecte le matériel et les règles de la classe.
Les réactions des élèves sont pour la plupart positives, surtout ceux ayant des besoins spécifiques qui trouvent ici un environnement plus adapté à leur style d’apprentissage. Certains témoignent en fin d’année de leur satisfaction, et l’enseignante recueille leurs avis pour ajuster ses pratiques. L’idée est simple : "Ce que je fais, je le fais pour eux" affirme-t-elle. Et le résultat est là : ils se sentent écoutés et à l’aise, prêts à participer activement.
Un climat apaisé et un gain de motivation
Ce mode de fonctionnement a aussi eu des effets inattendus sur la motivation des élèves et leur bien-être général. L’enseignante remarque que "des élèves qui étaient en décrochage scolaire, ou qui n’aimaient pas le français, trouvent un nouveau plaisir à venir en classe.". En instaurant une approche ludique des apprentissages, notamment avec des jeux pour l’étude de la conjugaison, elle constate que ces activités, loin d’être perçues comme des exercices scolaires, deviennent des moments appréciés.
La classe flexible crée aussi un climat de respect et d’entraide entre les élèves. Ils sont responsabilisés, encouragés à prendre soin du matériel et à respecter les règles. "Ils apprennent aussi le respect, l’empathie" note-t-elle, insistant sur le fait que les compétences développées vont bien au-delà des simples connaissances académiques.
Son conseil si vous voulez vous lancer
Pour ceux qui souhaitent essayer, elle recommande de procéder par étapes. "Inutile d’acheter tout le matériel d’un coup" conseille-t-elle, précisant que la posture de l’enseignant doit évoluer progressivement. Commencer par quelques ballons et tabourets est une bonne approche. Elle insiste aussi sur l’importance de lâcher prise et de favoriser l’autonomie des élèves.
Elle comprend que certains puissent hésiter face à cette méthode plus libre, craignant le bruit ou l’indiscipline. Mais elle assure que, bien encadrée, la classe flexible ne génère pas plus de désordre qu’un cours traditionnel, "Il faut instaurer des limites claires pour que les élèves comprennent qu’il s’agit d’une liberté cadrée.".
Répondre aux évolutions de l’enseignement
À travers ce projet, cette professeure de français espère inspirer ses collègues. "Même si on a toujours des critiques, il faut se lancer et essayer" dit-elle. Plusieurs de ses collègues commencent eux aussi à intégrer des pratiques de classe flexible, et l'administration soutient ces initiatives.
Enfin, pour ceux qui pourraient douter, elle conclut : "Le monde change, l’enseignement aussi doit évoluer. Ce n’est pas juste pour le confort des élèves, mais aussi pour leur bien-être et leur motivation à apprendre.".
Ainsi, l'expérience de Laura montre que la classe flexible est une réponse concrète aux besoins de nombreux élèves. En adaptant l’environnement scolaire, elle redonne goût à l’apprentissage, valorise l’autonomie et le respect et crée une ambiance positive, où chaque élève trouve sa place. Un modèle inspirant, qui pourrait bien devenir la norme dans les années à venir.
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