Design thinking : une méthodologie pour impliquer les élèves dans l’aménagement de la classe
"Disposition en U, en îlots ou en rangées, l’organisation de l’espace dans une salle de classe apporte une expérience singulière de l’enseignement et de l’apprentissage. Encore faut-il trouver la bonne formule. Pour Xavier Garnier, professeur de mathématiques au Lycée Pilote Innovant International (LP2I) de Jaunay-Marigny, le design thinking (« pensée design » en français) permet d’intégrer les usagers de la classe dans son aménagement."
La façon dont un espace est organisé influence les relations entre les personnes. Dans le cas d’une salle de classe, il est tentant de chercher à compenser l’organisation hiérarchique de ces pièces en réaménageant le mobilier au profit des apprenants.
Afin de mieux occuper ces lieux, Xavier Garnier, ambassadeur du Futur Classroom Lab de 2015 à 2020, projet européen de développement de laboratoires pédagogiques, milite pour l’utilisation de la pensée design : « Fondamentalement, le design thinking est une démarche centrée sur l’utilisateur. Dans une salle de classe ce sont les élèves. Ainsi, lorsqu’on veut impliquer les élèves dans la transformation de leur salle de classe, c’est naturel de penser à la méthode design ».
Pensée design et application à la salle de classe
Conceptualisée dans les années 1960, notamment par Herbert Simon, prix Nobel d’économie, la pensée design est une manière d’aborder et de résoudre des problèmes. A partir de la recherche sur le travail des designers, ces études ont analysé les techniques de réflexion - brainstorming, centralité de l’usager, etc. Dans les années 1990, avec Richard Buchanan la pensée design devient un véritable concept qui peut s’exporter dans tous les domaines. Xavier Garnier le rappelle bien : « La pensée design est un état d’esprit. C’est une propension à l’action ! »
Pour l’enseignant de mathématiques, qui utilise cette méthodologie avec les élèves et en formation avec les enseignants, le plus important reste « l’aspect inter-catégoriel » de la pensée design. Ainsi, les parents, les enseignants, les chefs d’établissements, la collectivité, les agents techniques et les élèves entrent en communication pour résoudre un problème particulier, par exemple le réaménagement de la salle de classe pour un meilleur apprentissage.
Les étapes de la pensée design pour l’aménagement de la classe
Pour Xavier Garnier, qui a eu recours à ce mode de réflexion avec ses élèves, il s’agit de suivre cinq principales étapes :
- Une phase d’empathie qui permet de prendre la température, la mesure du terrain et de récolter des informations précieuses à la compréhension du contexte et de ses enjeux
- Une phase convergente, dite de définition, avec un focus en groupe plus réduit qui sert à l’identification d’une problématique
- Une phase d’idéation avec plus de monde, pour générer le maximum d’idées et de réponses à la problématique
- Des réunions en plus petits groupes pour produire un prototype, concrétiser une idée
- Un test sur le terrain
Si la phase d’empathie permet d’identifier un ou plusieurs problèmes, l’objectif final peut très bien évoluer au cours des différentes phases. « Plus qu’un objectif, il faut un point de départ ! », explique l’enseignant en citant l’exemple d’avoir pour objectif le développement de la coopération en classe. L’enjeu est celui de partir de l’expérience de chacun, de celle de l’élève à celle de l’enseignant, pour pointer les problématiques. Place ensuite au processus itératif et cyclique – par la répétition de réunions en groupes restreints ou élargis – qui permet de penser toutes les étapes du problème, de générer des solutions, avec la possibilité de revenir en arrière.
Lors des réunions, le design thinking fait aussi la part belle à la créativité. L’utilisation de certaines techniques, comme les post-it, les figurines ou les balles de tennis, facilite la visualisation des problèmes à régler.
Le mode projet du design thinking, un bénéfice pour l’implication des élèves
La pensée design offre une ressource pour résoudre des difficultés rencontrées dans l’organisation traditionnelle des enseignements. Xavier Garnier en est convaincu : « Je crois beaucoup à la démarche design comme processus de gestion de projet et aussi comme processus d’apprentissage par projet ». Mieux comprendre les besoins, gagner en créativité tout en ayant conscience des contraintes pour, par exemple, penser l’aménagement de la classe… Impliquer les élèves par la pensée design serait donc en soi bénéfique à leurs apprentissages !
Outre un projet de transformation abouti, le design thinking offre d’autres avantages pour l’environnement scolaire et les élèves selon Xavier Garnier. Engager les élèves dans ce type de projet et à chacune des étapes, favorise notamment leur capacité à collaborer. A condition que la parole de chacun soit encadrée : « Il faut des règles d’échanges pour des paroles équivalentes, sinon certains resteront naturellement en retrait ou n’oseront pas communiquer », rappelle toutefois le professeur de mathématiques.
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