Dispositif ULIS : pour l’estime de soi et la vie ensemble
Permettre aux élèves en situation de handicap de suivre des cours au sein d’un cursus classique, tout en intégrant leurs besoins au travers d’aménagements éducatifs et organisationnels. Voilà l’objectif des dispositifs ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire). Un dispositif que Christelle Valette connaît bien, pour en être la coordonnatrice au sein d’un collège. Une expérience qu’elle raconte avec passion et qui permet de mieux comprendre le rôle que les enseignants et l’aménagement de l’établissement scolaire peuvent jouer dans son succès.
Quels sont les élèves qui intègrent les ULIS et avec quel objectif ?
Les dispositifs ULIS s’adressent aux enfants porteurs d’un handicap cognitif – comme ceux dont je m’occupe, physique ou psychique. Il leur permet de suivre des cours dans un établissement scolaire dans la classe qui correspond à leur âge, et non à leur niveau scolaire. Outre ce temps d’inclusion en classe de référence, ils ont un temps de regroupement entre élèves du dispositif ULIS, dans une salle dédiée. Là, nous travaillons ensemble en fonction de leurs besoins éducatifs particuliers. Bien sûr, tout leur programme est établi selon leurs obligations de soin.
L’objectif est que ces élèves fréquentent des jeunes de leur âge. C’est indispensable pour leur confiance, la construction de leur projet d’avenir et qu’ils se développent comme personne à part entière.
Quel est votre rôle, celui de coordonnatrice ULIS ?
Le coordonnateur suit l’élève tout au long de son passage dans l’établissement, dans mon cas tout le collège. Un lien très fort se construit donc. Notre rôle est tout d’abord, en accord avec les équipes médicales et les parents, de déterminer l’emploi du temps de l’élève. Il est flexible et peut évoluer.
Le début de la 6e est par exemple dédié à la prise de nouvelles habitudes, à l’intégration, mais l’on voit souvent par la suite des enfants en situation de handicap rattraper du retard et suivre plus de cours, ou des matières nouvelles.
Nous les accompagnons dans leur travail sur les temps de regroupement, faisons les devoirs. Et nous jouons aussi un rôle capital de liaison avec les professeurs, afin qu’ils comprennent au mieux le mode de fonctionnement de leur élève, qu’ils puissent adapter leur cours.
Justement, qu’implique pour un enseignant la présence d’un élève en ULIS dans son cours ?
Pour l’enseignant, cela implique d’adapter ses cours pour les rendre accessibles à ce jeune, notamment en termes de documents de travail. Il faut aussi adapter les évaluations. Elles portent sur le même thème que pour le reste de la classe, mais peuvent être formulées autrement, ou durer plus longtemps.
Là aussi, le coordonnateur joue un rôle important, car parfois l’élève connaît la bonne réponse mais n’arrive pas à l’exprimer. Nous sommes là pour faciliter sa réussite. L’enseignant, de son côté, ne doit pas avoir peur de mal faire. Chaque tentative est une occasion de communiquer avec l’élève, de découvrir son mode de fonctionnement.
L’intégration des élèves ne dépend pas seulement de l’accompagnement humain mais aussi de l’espace dans lequel ils évoluent. Quelles sont vos recommandations ?
Il est très important de créer une continuité au niveau spatial. Déjà, la salle ULIS doit être au cœur de l’établissement, près des salles de cours, et non dans une annexe. Il faut aussi penser tous les autres espaces d’accueil, ainsi que le sens de circulation. En classe, il faut éliminer les sources de gêne à l’apprentissage, comme les bruits parasites, et favoriser les couleurs et les éclairages doux. Le mobilier doit être adapté à la présence d’un fauteuil roulant, d’un ordinateur, de l’AESH. Il ne faut pas fixer les meubles dans le sol, c’est angoissant pour certains jeunes.
A la cantine, mieux vaut supprimer l’imprévisibilité, en permettant à ces élèves de trouver refuge contre un mur, de pouvoir englober tout l’espace en un seul coup d’œil. Pour préparer ces jeunes à la vie après le collège, il faut également privilégier une imagerie proche de ce que l’on trouve en entreprise et rompre avec les codes graphiques du primaire.
>> Lire aussi : Quels aménagements pour les classes ULIS ?
A vos yeux, quand peut-on dire qu’une intégration ULIS est réussie ?
Quand le dispositif permet aux élèves d’améliorer leur estime d’eux-mêmes. Et quand il leur permet de poursuivre leur chemin, que ce soit en intégrant une entreprise en stage ou un lycée professionnel. Nous voyons nos élèves décrocher des mentions au brevet, obtenir leur CAP, travailler en entreprise... Alors le pari est gagné !
Pour plus d’information, vous pouvez retrouver le « Guide pratique : enseignez à tous les élèves » aux Éditions Ebla, par Christelle Valette.
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