Classe flexible : « J’ai commencé avec une classe semi-flexible et sans matériel »

"La classe flexible. Un vaste sujet qui s’expérimente aujourd’hui de différentes façons, à tous les niveaux scolaires et par divers moyens. Cela fait cinq ans qu’Anaïs (@maitresses_en_baskets), directrice d’école, enseignante en CE1 et parmi nos premières ambassadrices, a recours à cette pédagogie. Témoignage."

Comment vous est venue l’idée d’appliquer la pédagogie flexible dans la classe ?

Tout est partie de ma première année en tant que titulaire : j’avais un groupe compliqué avec, en particulier, un enfant hautement perturbateur. Je me suis vite retrouvée sous l’eau, toujours très occupée par cet élève. À force, je n’enseignais plus comme il fallait, je n’avais pas de temps pour les autres élèves. J’ai donc commencé à mettre en place des demi-groupes de classe. Cela a amené tous les élèves à devenir plus autonomes, et globalement cela a apaisé la classe, car chacun s’est responsabilisé.

J’ai ainsi commencé avec une classe semi-flexible et sans matériel. L’année suivante, j’avais des effectifs réduits. Cela a donc été l’occasion de tester pleinement la classe flexible, en créant plus de rangements et en proposant des assises flexibles comme des ballons, des galettes, etc. J’ai aussi appliqué cette méthode à l’évaluation et ai favorisé le fonctionnement en ateliers.

Quels mobiliers ou aménagements fonctionnent le mieux dans votre pratique ?

Je ne ferais plus ma classe sans le Ztool, un support de tablette qui me fait gagner de la place et qui permet de se débarrasser des tables traditionnelles. L’espace est plus clair, plus aéré. Nous pouvons ainsi bouger plus facilement le matériel de place.

J’aime aussi beaucoup l’îlot, pour pouvoir réunir les enfants autour d’une station debout, écrire en groupe, etc. De même que les tabourets Mogoo de Manutan Collectivités, que je mixe avec les ballons Céleste, qui sont très pratiques. Tout dépend du nombre d’élèves, car avec 26 élèves, il est difficile de conserver les ballons par exemple.

J’ai également du mobilier de seconde main pour faciliter les rangements dans ma classe, car la classe flexible demande pas mal de matériel et de frais. Mais on s’y retrouve vite, nous travaillons aussi sur le respect du matériel avec les élèves, donc il dure dans le temps.

Quels sont les bénéfices que vous constatez aujourd’hui auprès de vos élèves ?

Par rapport à une organisation classique de la classe, j’ai l’impression de mieux enseigner car je peux être plus à l’écoute de chaque élève individuellement, tout en conservant un groupe classe dans sa globalité. Un autre avantage non négligeable de la classe flexible : la possibilité d’apprendre entre pairs. L’enseignant n’est plus le seul à apprendre aux élèves, ils apprennent aussi les uns des autres à travers leur quotidien en collectif. Et cela se ressent beaucoup sur le climat de la classe.

Pour les élèves, cette plus grande autonomie, couplée au fait de ne pas être constamment assis semble extrêmement bénéfique. Les élèves eux-mêmes sont souvent très satisfaits de ce fonctionnement, même si au début cela attise surtout leur curiosité. Les habitudes ancrées sont parfois difficiles à enlever, mais la plupart du temps ils s’adaptent très vite. Finalement, on sent que nous sommes tous plus présents. Les élèves deviennent acteurs de leurs apprentissages.

En tant que directrice d’école, l’avez-vous initiée dans les autres classes ?

Ma classe est aujourd’hui entièrement flexible. Au tout départ, elle pouvait être comparée à un lieu de jeu ou à un magasin Ikea. Mais en observant, les plus réticents ont perçu par eux-mêmes que mes élèves travaillaient vraiment bien. Certain ont mis en place des ateliers et ça commence progressivement à s’installer dans l’école. Aujourd’hui, les questions qui reviennent le plus souvent sont principalement « Comment as-tu fait ? Comment peut-on cadrer les élèves ? Et si ça ne fonctionne pas dans ma classe ? ». Dans tous les cas, je considère que cela ne doit pas être une obligation, chaque enseignant conserve sa liberté pédagogique. Il est avant tout question de s’adapter aux élèves, mais il faut prendre en compte les problématiques de la classe et l’espace à disposition. L’idée est d’être à l’aise avec ce fonctionnement pour en percevoir pleinement les bénéfices !