5 choses à savoir sur la classe flexible dans l’enseignement secondaire

"Souvent utilisée avec des élèves de premier cycle, la pédagogie flexible peut également s’appliquer dans l’enseignement secondaire. Rébecca Kokotakis (@une_prof_passionnee), enseignante en Lettres et Histoire auprès de la filière automobile dans un lycée professionnel à Argenteuil (95), nous partage son expérience de la classe flexible : voici cinq choses à savoir quand on décide de passer à l’enseignement flexible avec les adolescents."

#1 – L’individualité s’exprime à travers le groupe

L’enseignante, qui a pu expérimenter pleinement la classe flexible tout au long de cette année scolaire, relève un bénéfice en particulier, celui de la connaissance des élèves. « J’ai l’impression qu’avant, je m’adressais à un groupe. Désormais, je parle à chacun des élèves », explique Rébecca Kokotakis. Cette impression, elle l’a constatée après avoir mis en place des ateliers qui ont autant favorisé la motivation que l’autonomie de chaque élève. En étant naturellement plus à l’écoute de leurs difficultés et de leur état émotionnel, c’est toute la relation prof-élève qui est gagnante.

#2 - La « ritualisation » des séances permet de donner un cadre

L’une des clés pour que le fonctionnement en classe flexible perdure selon Rébecca Kokotakis, est de « ritualiser » les séances, « comme une sorte de chorégraphie pédagogique ». Si elle a d’abord structuré l’espace en trois zones bien délimitées – une zone de confort, une zone centrale coopérative et mobile, une zone « startup » pour le travail en posture dynamique – c’est en trouvant son rythme avec des temps distincts qu’elle est parvenue à un équilibre : « Les élèves savent que nous commençons toujours par un temps très court en demi-cercle, face au tableau, pour que j’explique les objectifs de la séance et remobilise les acquis. Nous passons ensuite à une phase en autonomie, durant laquelle ils travaillent avec leur feuille de route, en équipe et avec un rôle individuel précis – par exemple, un tuteur. Enfin, nous mettons en commun ce travail, à partir d’une co-évaluation entre élèves, où j’anime les différents échanges ».

#3 - L’espace numérique, un outil de mutualisation

Le numérique trouve aussi sa place dans la pédagogie flexible. Pour l’enseignante en lycée professionnel, il s’agit d’un support intéressant pour mutualiser le travail des élèves : « Sur notre interface, ils peuvent aller voir le travail des autres, se co-évaluer et laisser des commentaires. C’est un excellent moyen d’interaction et nous y gagnons tous en souplesse de communication ! » Un outil de co-construction des savoirs qui, utilisé dans les bonnes conditions et durant des moments précis, s’intègre pleinement à la classe flexible au lycée.

#4 – La classe flexible s’adapte aux besoins des adolescents

Si à l’adolescence le corps change, la classe flexible y apporte également une réponse physiologique. Les élèves ne sont pas toujours à l’aise avec leur corps, et le travail de façon immobile est souvent peu adapté. Durant cette période, l’appropriation de l’espace est d’autant plus pertinente pour Rébecca Kokotakis, qui mise aussi sur les espaces collaboratifs afin de préparer au passage vers le monde professionnel : « Qu’ils travaillent dans l’alcôve, accroupis, sur les coussins… Ils peuvent se sentir comme à la maison ou comme dans un open space en entreprise. Chacun s’installe où il veut, tout en prenant les autres en compte. Ils sont plus à l’aise et apprennent en même temps l’esprit d’équipe ». Un libre arbitre qui permettrait également de gagner en concentration selon l’enseignante !

#5 – La discipline est largement régulée

Les craintes liées à la classe flexible en matière de discipline ne sont pas rares. Mais il n’est pourtant pas question d’être plus laxiste, rappelle Rébecca Kokotakis, qui a notamment mis en place une charte de bonne conduite signée par chaque élève en début d’année. Les règles imposées ? Une remise en ordre de la classe après chaque cours, le respect des autres, du matériel et du mobilier, la modération de l’ambiance sonore de la classe – à chaque activité, une tonalité à adopter… « Je crois que je n’ai jamais eu aussi peu de discipline à faire depuis que j’ai mis en place la classe flexible », explique l’enseignante, convaincue que la liberté de choix emmène finalement les élèves vers la réussite. « Beaucoup plus de solidarité, un meilleur vivre ensemble, des compétences travaillées en profondeur… Une parfaite transition vers le monde professionnel ! » conclut-elle.